vendredi 17 février 2012

Crise de l' Euro en Grèce : l' Allemagne a la Mémoire Courte

En 1953 quand l'Allemagne a du négocier avec ses créanciers elle a été mieux traitée que la Grèce.


Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, France, Grèce, et les autres signataires de l'Accord de Londres en 1953 ont accordé au chancelier Konrad Adenauer une décote de la dette allemande de 50 % ainsi qu'un moratoire de cinq ans sur les paiements d'intérêts.


L'intention était de donner à l'Allemagne assez d'oxygène pour qu'elle reconstruise son économie, contrer l'infuence  soviétique était également un des buts de cet "arrangement". 


Cette remise de dette n'a pas été sans "grincement de dents" en Grande Bretagne - qui se trouvait à l'époque dans une situation financière tellement désespérée qu'elle fut  contrainte d'aller quémander à Washington des prêts.


 Les Grecs ont même dû renoncer à certaines réparations de guerre.


Pourtant, le compromis a prévalu. Les ministres des Finances de l'époque ont accepté d'oublier les origines morales de cette dette, et ont décidé de «récompenser» un pays qui avait tellement troublé l'ordre européen.


Le miracle économique allemand a érodé le fardeau de la dette germanique pendant une décennie. L'Allemagne est apparu comme une démocratie dynamique et un pilier essentiel du système de la zone OTAN.


La Grèce qui a une position moins stratégique, doit se conformer à un net durcissement des conditions de remboursement de sa dette.


L'accord avec l'UE limite, en théorie, la dette publique de la Grèce à 120 % de son PIB en 2020.


Rien n'a changé à Athènes depuis que le plan d'austérité de l'Europe a commencé à administrer une thérapie de choc il ya dix-huit mois, même cette promesse d'endettement limité semble désormais exagérément optimiste.


L'économie grecque devait se contracter de 3 % en 2011 en vertu des prévisions de l'UE et du FMI (le fameux plan de la troïka). En fait, elle a diminué de 6 % ! 


Le FMI craint que l'économie de la péninsule hellénique soit aspiré dans "une spirale infernale d'austérité budgétaire, de baisse des revenus disponibles, et de contraction économique". Un cercle vicieux récessionniste qui entretiendrait la morosité du peuple grec tout entier.




Economie grecque, des chiffres apocalyptiques  



Production manufacturière : -15.5 % en Décembre. 
Masse monétaire disponible en Grèce : -15.9 % 
Le taux de chômage : +20.9 % en Novembre.
Failitte de petites et moyennes entreprises : 100 000.
Recettes de TVA : -18.7% en Janvier. 


La violence de la crise est terrifiante tant les effets de la compression budgétaire asphyxient Athènes. Tant d'efforts pour si peu.


Vanis Varoufakis de l'Université d'Athènes s'inscrit en faux contre le diagnostic économique de Bruxelles : «Si nous adoptions une mise en oeuvre radicale des mesures de la Troïka, le pire arriverait : l'économie serait carrement dans le coma, et le ratio de la dette sur PIB serait encore plus explosif."


La Grèce a signé «avec sincèrité les conditions impossibles qu'on lui demandait», en espérant que le bon sens l'emporterait avec le temps.


La Grèce doit encore supprimer 150.000 emplois publics d'ici à 2015 dans le cadre du dernier accord signé avec l'UE, et sa politique budgétaire va diminuer  les dépenses d' 1.5% de point de PIB .


"Il ya encore 50.000 magasins et petites entreprises accrochées à l'économie grecque que l'on s'attend à voir faire faillite au cours des six prochains mois", a prévenu le professeur Varoufakis.


Le Premier Lucas Papademos a plaidé pour l'Euro arguant qu'un défaut désordonné aurait entrainé le pays dans une aventure désastreuse. 
"Le niveau de vie s'effondrerait et cela conduirait tôt ou tard à une sortie de l'euro."
Soit, mais rester dans l'union monétaire, est aussi une aventure désastreuse, et le niveau de vie va certainement s'effondrer, ce qui finalement ne fera guère de différence.


Il est clair maintenant que l'Allemagne et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, souhaitent expulser la Grèce de la zone euro.


"Nous ne pouvons pas constamment verser des milliards dans un puits sans fond", s'est il emporté.


Auparavant, il a été vu disant à son collègue portugais que Lisbonne peut s'attendre à des conditions plus souples que ce qui est imposé à la Grèce, mais seulement après que l'UE ait traité assez sévèrement la Grèce pour satisfaire l'opinion publique allemande.


Toute nouvelle mauvaise volonté de la Grèce sera saisi comme prétexte pour refuser de verser les prêts de l'UE.


La Grèce n'a visiblement plus aucun espoir de récupérer son niveau économique dans l'union monétaire et devrait donc revenir à la drachme : le plus tôt sera le mieux.


Le Portugal, l'Espagne et l'Italie vont s'en sortir, affirment les eurocrates tant qu'ils couperont, et recouperont, et couperont à nouveau dans leurs dépenses.


Le Portugal ira rejoindre la Grèce dans la même spirale déflationniste, il est probable alors que M. Schäuble s'emportera contre le Portugal avec le même mépris dont il use avec la Grèce actuellement.




Si vous pensez , avec raison, que la Grèce a effectivement commis une multitude de péchés économiques, alors vous devez aussi réaliser qu'elle est également la victime d'une expérience idéologique folle qui a enchainé entre elles des économies ayant des taux de croissance différents. Tout cela a été fait par "rèverie et naïveté politique", on a cru pouvoir s'affranchir des lois économiques séculaires qui régissent depuis toujours les ètres humains, l'échec est flagrant.


En exigeant un vice-roi du budget pour la Grèce, ainsi qu'un compte bloqué visant à saisir les recettes grecques à la source, le gouvernement Merkel-Schauble a franchi une ligne rouge diplomatique et brutalisé le consensus politique jusqu'alors en vigueur dans l'union. 


Konrad Adenauer aurait-il commis une telle bourde ? 

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