mercredi 11 avril 2012

La planche à billet de la BCE : dernière station avant l' hyper inflation

La zone euro est entrée en récession . Les chiffres macro-économiques du premier trimestre 2012 indiquent sans aucune ambiguité que la création de richesse (PIB) évolue désormais négativement. Le secteur automobiles est en chute libre. Le nombre de chômeurs explose, (10,8% de moyenne dans la zone euro). La dépression en Europe prends de l' ampleur au fur et à mesure de l' adoption de plans d'austérité tous plus rigoureux les uns que les autres.


Face au mur du grand désendettement public et privé qui s’effondre sur nous, il devient de plus en plus difficile de trouver les fonds nécessaires pour boucher tous les trous. Sauver telle banque, garantir la dette de tel pays ne pouvant se financer sur les marchés, soutenir telle industrie qui accumule les pertes. Le jeu devient très delicat car les caisses se vident à grande vitesse. Les Etats Membres de l’UE s’efforcent de créer un « Mécanisme européen de stabilite » dont la taille (800 milliards tout de même) ne suffirait à sauver qu’un seul pays de taille moyenne comme l’Espagne. Il ne reste alors plus qu’une seule solution : faire tourner la planche à billets !


Le système bancaire européen, censé être « sain », a été sauvé de justesse en décembre et janvier derniers par l’injection de 1000 milliards d’euros, prêtés à 1% sur 3 ans par la Banque Centrale européenne (BCE), sans oublier le rachat de dettes publiques des PIGS sur le marché secondaire. Au total, ces opérations ont conduit à une forte augmentation de l’actif de la BCE, passé de 2 000 milliards d’euros fin 2011 à 3 000 milliards en mars 2012, dépassant celui de la Federal Reserve des Etats-Unis. Autrement dit, tout notre système bancaire et financier ne tient plus que grâce à la planche à billets.


Cette politique massive de création monétaire a permis un court répit de la crise de l’euro. En effet, les banques ont acheté de la dette publique italienne et espagnole et les taux sur des dettes souveraines se sont stabilisés (aux alentours de 5%, encore beaucoup trop haut pour être soutenable…). Malheureusement l’injection n’a eu aucun effet sur la récession qui s’installe. Les banques européennes sont si fragiles qu’elles n’utilisent pas ce cadeau grandiose pour relancer le crédit à l’économie. Effrayées par les réglementations à venir et la conjoncture, elles préfèrent augmenter leurs fonds propres, réduire leur dimension et leur offre. Des dizaines de milliers d’emplois - la dernière variable d’ajustement - ont été supprimés ces derniers mois au sein de toutes les grandes banques.


Dans l’Histoire, l’activation de la planche à billets a souvent été synonyme de solution de la dernière chance, d’hyperinflation et de temps troubles. Créer de la monnaie sans véritable création de richesse entraîne de surprenantes variations des prix. Difficile d’imaginer qu’à l’epoque de l’entre-deux-guerres en Allemagne, un dollar valait 420 marks en juillet 1922 et 49 000 en janvier 1923. L’Euro n’est pas une monnaie de réserve comme le dollar et personne ne sait exactement ce qui se va passer à moyen terme quand la BCE multiplie l’offre de monnaie aussi rapidement. Concernant le risque d’inflation, deux éléments permettent de se rassurer à court terme : La récession, le chômage élevé, le recul des salaires réels, le désendettement du secteur privé empêchent l’inflation de se manifester. D’autre part, sur le marché mondial des changes, l’euro est un moyen pour de nombreuses puissances émergées, notamment la Chine, de diversifier un peu leurs réserves et ne de plus compter que sur le seul dollar.


Paradoxalement, si nous continuons de plonger dans la récession, nous resterons protégés de l’inflation. Mais pour combien de temps ? L’absence de croissance, l’absence de recettes dans les caisses des Etats, des entreprises et des banques conduiront sans doute la BCE à renouveler de telles créations monétaires, augmentant les risques. Nous sommes dans un cercle vicieux dont nous ne pourrons pas sortir sans des mesures beaucoup plus radicales que le scotch et les bouts d’élastique envisagés par nos élites. Depuis l’effacement de 100 milliards de dette publique grecque - première victoire des Etats sur les marchés financiers depuis 3 ans - ces derniers semblent se rendre à l’évidence que toute la dette publique et privée ne pourra pas être remboursée.

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