samedi 26 mai 2012

BAGDAD - Nucléaire iranien : des négociations très tendues

Les grandes puissances et l'Iran ont clôturé jeudi deux jours de négociations tendues sur le programme nucléaire iranien à Bagdad avec pour seul résultat tangible un nouveau rendez-vous les 18-19 juin à Moscou, et le constat de "désaccords importants" sur le fond du dossier.


"Nous avons eu des discussions très intenses et très détaillées avec nos homologues iraniens ces deux derniers jours", a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton lors de la conférence de presse de clôture.


"Il est clair que les deux (camps) veulent faire des progrès et que nous avons des points communs. Mais il reste des désaccords importants", a-t-elle souligné au sujet du contenu des discussions.


Toutefois, "l'Iran s'est déclaré prêt à aborder la question de l'enrichissement à 20%" a-t-elle ajouté.


"Nous allons maintenir des contacts intensifs avec nos homologues iraniens pour préparer une nouvelle rencontre à Moscou, avec une arrivée le 17 et des pourparlers les 18 et 19 juin", a-t-elle dit indiqué.


Cette annonce intervient après deux jours de négociations serrées entre les deux camps et alors que la réunion menaçait de se clore sur un échec, sans même un accord pour de nouvelles discussions.


Le chef de la délégation iranienne Saïd Jalili a pour sa part répété jeudi soir que l'Iran dispose d'un "droit absolu" à l'enrichissement d'uranium.


L'enjeu de la réunion de Bagdad était de tenter de jeter les bases d'un processus de négociations destiné à résoudre la crise autour de ce dossier qui empoisonne depuis des années les relations entre l'Iran et une partie de la communauté internationale et fait planer la menace d'un conflit armé dans la région.


Le groupe 5+1 tente d'obtenir de l'Iran des "garanties" qu'il ne cherche pas à fabriquer l'arme atomique, comme l'en soupçonnent certains pays occidentaux et Israël. De son côté, Téhéran souhaiterait notamment la levée des sanctions économiques imposées par l'ONU et les pays occidentaux.


Prévues initialement pour la seule journée de mercredi, les discussions ont été prolongées à jeudi.


Elles regroupent l'Iran, l'UE et les représentants des 5+1, c'est-à-dire l'Union européenne et les représentants des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine) plus l'Allemagne.


Avant le début de la réunion, M. Jalili avait espéré que les négociations constitueraient "le point de départ d'une nouvelle ère" entre l'Iran et la communauté internationale.


Jeudi, les négociations s'étaient ouvertes dans un climat dépeint comme "très mauvais" par un responsable iranien, selon qui Mme Ashton et M. Jalili ont eu trois entretiens bilatéraux.


Selon une source diplomatique occidentale, le blocage est venu du fait que l'Iran demande à ce que lui soit reconnue la possibilité d'enrichir de l'uranium, ce que refusent les 5+1.


A la mi-journée, cette même source tablait sur le fait qu'il n'y aurait pas d'accord à Bagdad mais une entente pour de nouvelles négociations.


"L'Iran ne renoncera pas à son droit à l'enrichissement d'uranium, qui est garanti par le Traité de non prolifération", a indiqué un responsable iranien.


Mercredi, le groupe 5+1 avaient présenté à l'Iran un paquet de propositions dont le détail n'est pas connu mais qui pourraient, d'après des médias, requérir que l'Iran suspende son enrichissement d'uranium à 20%, une mesure qui apparaît désormais centrale dans tout règlement.


Mais l'Iran a jugé ces propositions "déséquilibrées", avant de présenter des "contre-propositions" puis de demander une "révision" des positions des grandes puissances.


Les discussions de Bagdad font suite à une visite lundi à Téhéran du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, qui a annoncé un "accord" de principe sur des mesures visant à lever les incertitudes sur la nature du programme nucléaire iranien, qui doit être signé "prochainement".


Washington a qualifié cette annonce de "pas en avant", mais prévenu qu'il jugerait "le comportement de l'Iran sur la base de ses actes".


Plusieurs médias iraniens ont accusé jeudi les grandes puissances de s'être alignées sur les positions d'Israël lors des discussions de Bagdad, et exprimé leurs doutes sur les chances d'un succès.

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