vendredi 3 août 2012

BCE : Mario Draghi fait pschiit les bourses se dégonflent

Dans la série « J’aurais-mieux-fait-de-me-taire », Mario Draghi a fait très fort ce 2 août 2012 : il a mis à bas en quelques minutes tout l’échafaudage communicationnel qu’il avait bâti depuis une semaine, avec MM. Monti et Hollande, pour enfumer les opinions publiques et les marchés financiers.
Retour sur une journée mémorable.

LES RISQUES PRIS PAR UNE ALLUMEUSE

Le problème de base n’était pourtant pas trop difficile à anticiper.
Il tient au fait qu’une strip-teaseuse, fût-elle nommée Miss Draghi, ne peut pas faire son numéro, jugée en talons aiguilles sur le comptoir, pour aguicher les cow-boys dans un saloon surchauffé du Far-West, sans être contrainte de passer à l’acte à la fin des préliminaires.
Si cette allumeuse, après avoir été ovationnée par son public masculin aviné, indique soudain qu’elle n’a pas obtenu l’autorisation de sa maman Angela pour monter dans une chambre, l’atmosphère surchauffée va tourner à la bataille rangée.
C’est en gros ce qui vient de se passer aujourd’hui.
Après avoir excité la libido sonnante et trébuchante des marchés financiers du monde entier pendant plusieurs jours, en leur montrant un décolleté plongeant sur de plantureux euro-bonds, et en leur clignant de l’œil pour suggérer qu’une orgie de rachats d’obligations souveraines par la BCE était en préparation à l’étage, Miss Draghi a soudain retiré sa perruque et son mascara pour pleurer « Maman » comme une gamine du Couvent des oiseaux.
Notre Draghi dragueur a en effet été contraint d’avouer que toute l’excitation des derniers jours dont il avait pris l’initiative n’était au fond qu’une arnaque de communication de plus, comme je l’ai analysé hier dans mon article sur « le jeu sur les mots des eurozonards« .

BERLIN, LA HAYE ET HELSINKI INSENSIBLES AUX TENTATIVES DE COUPS DE FORCE DES ESCROCS DE GOLDMAN SACHS

Le Goldman Sachs Boy qui préside la BCE a bien sûr déclaré de nouveau que de nouvelles « mesures non-conventionnelles » de la BCE étaient « possibles ».
Mais la réaction inébranlable des autorités allemandes d’avant-hier et d’hier, ainsi que celles des autorités néerlandaises et plus encore finlandaises qu’il ne faut jamais oublier, lui ont montré que les pays du nord ne se laissent pas démonter.
Berlin, La Haye, Helsinki ne plient pas devant les coups de force médiatiques et les manipulations de vocabulaire des escrocs estampillés Goldman Sachs (Draghi, Monti, Papademos,…), et des incompétents qui les imitent servilement sans comprendre grand-chose à ce qui se passe (Hollande, Rajoy, nos grands médias).
Car ce que cette clique d’escrocs appellent des « mesures NON-CONVENTIONNELLES », ce sont – pour parler en bon français – des « mesures ILLÉGALES » au regard des traités signés et ratifiés.
Comme je l’analysais hier soir, Frau Merkel, fille d’un pasteur théologien protestant et d’une institutrice, n’est pas du genre à s’en laisser conter par des strip-teaseuses. Surtout lorsque l’enjeu de la manip’ consiste à racketter purement et simplement des dizaines de millions d’Allemands pour ne pas faire baisser, à l’autre bout de la chaîne, les dividendes des actionnaires des banques installées en Espagne, en Italie et en Grèce.

Probablement suite à quelques coups de fil cinglants entre Berlin, Rome et Francfort, notre strip-teaseuse de l’Eurosaloon a donc compris hier soir ce qui lui restait à faire aujourd’hui. Ayant piteusement remballé sa perruque, son tutu et ses talons aiguilles, Mario Draghi a avoué aujourd’hui en baissant les yeux que « la BCE pouvait intervenir sur le marché obligataire [...], mais à condition que les gouvernements concernés en fassent la demande. »
Autrement dit, la BCE ne rachètera de la dette espagnole que si Madrid le demande aux autres États de la zone euro dont les gouverneurs siègent au conseil de la BCE.
Or cette demande, pour pouvoir être éventuellement acceptée, suppose que l’Espagne accepte de se soumettre aux conditions draconiennes fixées par les partenaires européens de l’Eurosystème, à commencer par… l’Allemagne, les Pays Bas et la Finlande. Une option que le gouvernement espagnol a jusqu’à présent toujours rejetée, d’autant plus qu’il estime être allé au bout du bout des mesures punitives contre son propre peuple, sauf à provoquer une révolution.
Autrement dit, la BCE ne rachètera pas de dette espagnole avant longtemps. Enfer et damnation ! Tout s’effondre de nouveau.
Pour tenter de faire passer la pilule, l’inénarrable Mariole Draghi a psalmodié le mantra européiste habituel (« Les gouvernements doivent continuer les efforts de consolidation budgétaire, de réformes structurelles et de réformes institutionnelles au niveau européen »). Et il a encore lancé une œillade, au cas où, en assurant aux cow-boys fous de rage que l’euro était « irréversible ».
Mais rien n’y a fait. L’assistance, comprenant qu’elle s’était fait flouer pour la 20ème fois en 2 ans, a commencé à tout casser dans l’Eurosaloon.

L’ALLUMEUSE SE DÉGONFLE, LES BOURSES S’EFFONDRENT

À peine Mario Draghi avait-il retiré sa perruque et ses talons aiguilles que les Bourses européennes se sont ainsi effondrées, pour reperdre en quelques minutes ce qu’elles avaient péniblement gagné en plusieurs jours, après les propos du même « Super Mario » lorsqu’il avait commencé son numéro dans l’Eurosaloon.
Comme le note la dépêche ci-jointe, citant un analyse de chez Saxo banque qui résume le sentiment général chez les cow-boys,
« les investisseurs sont restés sur leur faim. Mario Draghi n’a formulé aucun calendrier et n’a fait aucune annonce concrète, ni en termes de baisse des taux, ni en termes d’intervention sur le marché de la dette. »
http://www.romandie.com/news/n/_Les_Bourses_europeennes_chutent_apres_les_propos_de_Mario_Draghi_RP_020820121653-24-221862.asp
Au moment où ferme la Bourse de Paris (17 H 30), le marché parisien s’effondre de -2,68 %, Francfort de -1,94 %, Milan de -4,64 %, et New York de -0,93 %.
Au même moment, l’euro retombe lourdement à 1,2144 USD.
Quant au taux sur les obligations espagnoles à 10 ans, qui avaient baissé jusqu’à 6,61 % après la manipulation Draghi, ils sont repartis vers le ciel à la vitesse d’une fusée : ils viennent d’atteindre un « plus haut » à 7,200 %, niveau jugé explosif par tous les experts.
En un mot, tout est par terre et tout est à refaire.

CONCLUSION : EN ATTENTE DU PROCHAIN SKETCH

Alors, que vont inventer maintenant les européistes ?
- Un 21ème Sommet de la dernière chance ?
- Une nouvelle déclaration de M. Draghi assurant que « les marchés vont voir ce qu’ils vont voir » ?
- L’annonce d’une « conversation téléphonique » entre Obama et Mme Merkel ?
Si nos lecteurs ont des idées, elles sont ici les bienvenues !
En attendant, le génie de la pensée économique et géopolitique qui trône désormais à l’Élysée a eu la sienne. En allant prendre son train Gare de Lyon pour aller passer ses vacances à Brégançon, avec un maillot de bains et un tuba dans sa valise, M. Hollande a confié aux journalistes qu’il allait être…. « vigilant » !
Nous voilà enfin rassurés.
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