jeudi 16 août 2012

L' austérité de gauche : un exercice très délicat pour François Hollande


 François Hollande se retrouve confronté à un choix cornélien sur la question européenne. Alors que les cicatrices de la bataille du référendum sur le traité constitutionnel européen (TCE) en 2005 sont loin d'être refermées, la question de l'adoption par la France du "Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’Union économique et monétaire " (TSCG) semble politiquement insoluble.

La question de l’acceptation de la politique du gouvernement par la masse de la population. Mais il y a quelque chose de très technique : comment réduire les déficits sans que la baisse de la consommation entraîne la récession et donc la baisse du rendement des impôts, provoquant elle-même l’impossibilité de réduire les déficits… Or, c’est ce qui se passe en Espagne, un remède de cheval qui tue la bête. Mais dire où il faut taper pour économiser ou récolter plus d’impôts, c’est forcément très long et technique. 


La gauche et son identité
Le problème de la gauche, c’est que ceux qui ont voté pour elle croient en la Générosité, l’Egalité, la Justice, les Plus Démunis, etc. La droite a évidemment d’autres valeurs, surtout en Bourse, mais pas seulement, ne caricaturons pas, d’ailleurs la Bourse c’est très utile. En gros, devant les mêmes réalités, chaque côté a des tabous difficiles à vaincre.
Puisque c’est la gauche qui est au pouvoir, parlons d’elle. Elle a besoin de plus de pédagogie, et donc de temps, pour faire passer les mesures socialement les plus rudes, mais elle a davantage de crédibilité que la droite quand elle les prend (si ce n’était pas le cas, la droite serait toujours au pouvoir). Nuance : la gauche a perdu beaucoup de crédibilité dans les classes populaires européennes, mais même avec ce problème, l’austérité de gauche passe plus facilement, avec moins d’agitation, que celle de droite, car cette dernière est suspectée plus facilement d’être dure envers les gens modestes par principe et par intérêt. Le contenu de l’austérité de gauche ne sera pas non plus, faut-il le dire, le même que celui de l’austérité de droite.
C’est pour ces raisons que les critiques faites au gouvernement sont prématurées. Elles ne tiennent pas compte des étapes à franchir, du fait qu’une étape de redistribution et de bonnes paroles est nécessaire avant d’arriver aux choses vraiment significatives .

Tour de vis ?
Ces pronostics sont assez faciles à faire. Il y aura bien un « tour de vis » « gradué ». Les seules choses qui restent mystérieuses encore, c’est le degré d’intelligence, d’efficacité et d’acceptabilité des mesures d’austérité à venir. Souhaitons que les « valeurs » et les habitudes ne mettent pas trop d’œillères à l’imagination, tout de même. Souhaitons, et c’est en partie la même chose, que les désaccords de l’UMP et peut-être plus encore du FN, parce qu’il représente une part des classes populaires plutôt supérieure à ses résultats électoraux, soient pris en compte au moment de décider. En effet, l’habitus du député ou ministre socialiste moyen n’est pas spécialement représentatif du pays.

Emballé !
Mais on n’arrête pas un cheval emballé. Notre dette court depuis des lustres et la voilà devenue dangereuse, quel que soit l’hôte de Matignon ou de l’Elysée. La seule certitude est celle ci : le chômage va exploser sous les coups de boutoir des « efforts demandés à tous ». Le gaspillage faisait tenir debout cette société mal organisée, démagogique et assistée. Demain il faudra assister et assister encore les travailleurs mis à la porte en masse : il faudra donc que la « solidarité » pompe les derniers revenus de ceux qui travaillent ou des rentiers et retraités de luxe qui n’auront pas fui le pays. L’avenir de la France c’est l’apauvrissement. Si cette austérité est bien organisée elle sera supportée, car il n’y aura pas d’autre choix. Mais n’oublions pas que les jeunes qui sont déjà 30% et plus sans travail vont désespérer. Le travail ne se décrète pas. On a fermé les usines et à moins de travailler en Chine où vont aller nos jeunes ? Notre frivolité a abouti au désespoir de notre descendance, on y est. On s’en sortira peut-être en devenant plus pauvres tous, et encore, ce n’est pas certain. L’avenir est sombre.

C'est d'une voix porteuse de réorientation de la construction européenne dont nous avons besoin à l'Elysée, pas d'un standardiste de Bruxelles. Entre le renoncement et l'aventure le choix est vite fait. Lors des primaires vous nous aviez promis, M. Hollande, de "réenchanter le rêve français". Nous sommes prêts.

http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/le-chemin-de-crete-de-francois-121287

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