lundi 20 août 2012

PSA délocalise Allemagne : rumeur ou scandale ?


                                                   PSA en Allemagne ? c'est le bouquet !

On s’inquiète ferme, à l’usine PSA de Rennes-La-Janais, depuis que la presse allemande assure que la fabrication du haut-de-gamme Peugeot et Citroën pourrait être transférée à Rüsselsheim, près de Francfort. Selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le constructeur français, désormais partenaire d’Opel via son nouvel actionnaire General Motors, envisage en effet d’accroître le prestige de ses DS5 (actuellement montées à Sochaux) et de ses 508 (assemblées à Rennes) en les estampillant «Made in Germany» dès 2015.

«Ce n’est vraiment qu’une rumeur sans fondement, se défend pourtant Caroline Brugier-Corbière, responsable de la communication. Nous préférons normalement ne pas commenter de simples bruits, mais ça n’est absolument pas planifié».

― Mais vous vous êtes mariés avec GM et sa filiale allemande… Il va forcément y avoir des conséquences en termes industriels…

― Bien sûr, mais pour que des fuites de ce genre soient crédibles, il faudrait que des décisions aient déjà été prises ce qui n’est pas le cas. Nous voulons effectivement mettre des synergies en place entre nos marques et GM et évidemment développer des voitures sur des plateformes communes mais nous n’en sommes qu’au tout début de la réflexion. Des groupes de travail ont été mis en place en mars pour réfléchir à ces enjeux et personne ne sait encore ce qui en sortira à la fin de l’année lorsqu’ils rendront leurs conclusions…

― Ces groupes de travail ne sont-ils pas chargés d’évaluer ces hypothèses, comme la réorganisation de la production des différents modèles sur l’ensemble des sites européens, les petites voitures ici, les grosses voitures là?

― Oui, mais ça ne permet pas de dire ce qui en sortira des mois à l’avance. En tout cas, chaque marque conserve sa gamme propre.»

A l’usine de Rennes, où la suppression de 1.400 postes a déjà été annoncée, on est plus enclin à considérer qu’il n’y pas de fumée sans feu. «Lorsque nous disions qu’Aulnay allait fermer,  on nous accusait de crier au loup, explique le délégué CGT Michel Bourdon. Là, ce ne sont que des informations de la presse allemande mais on peut comprendre d’où elles sortent. Nous avons déjà perdu la fabrication de la C5 et le projet X8 qui devait la remplacer a été abandonné. Nous travaillons en dessous de nos capacités de production et, normalement, si un nouveau modèle devait être amené ici, l’adaptation des chaînes devrait commencer sous peu. Pour le moment, il ne se passe rien».

Le partenariat de PSA avec GM vise de toute manière à accoucher de changements permettant d’économiser jusqu’à deux milliards de dollars (1,6 milliards d'euros) par an grâce à des synergies sur les achats de pièces aux équipementiers et la conception de modèles cousins, ce que les marques Citroën et Peugeot pratiquent déjà depuis des années.

L’emploi en France peut y trouver son compte (c’est le transporteur Gefco, une filiale de PSA qu’il souhaite d’ailleurs céder, qui assurera désormais la logistique européenne d’Opel), ou y perdre encore quelques plumes. Etre un pays trop cher pour produire des petites modèles économiques mais inadapté à la fabrication de véhicules à forte valeur ajoutée, y compris l'hybride préférée du président, c’est vraiment avoir le cul entre deux banquettes de voiture.

Hugues Serraf
PSA va-t-il transférer sa production haut-de-gamme en Allemagne? | Slate

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