dimanche 9 septembre 2012

PS, UMP : verrouillage et magouillage



de Le Blog de Thierry Desjardins de tdesjardins
Curieuse coïncidence, le PS et l’UMP sont en train de se chercher, l’un et l’autre, un nouveau patron. Le PS après la victoire et l’annonce du départ de Martine Aubry, l’UMP après la défaite et la disparition (provisoire ?) de Sarkozy.
Or, ce qui est frappant, d’un côté comme de l’autre, c’est que toutes les bonnes intentions, toutes les promesses de moderniser, voire de moraliser et en tous les cas de démocratiser la vie interne des appareils ont été oubliées, à droite comme à gauche.
Au PS, il n’y a que deux candidats, Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis, et Martine Aubry entend bien désigner elle-même son successeur. A l’UMP, deux candidats aussi, Fillon, le préféré de l’opinion, et Copé qui tient le mouvement. Tous les autres, de Nathalie Kosciusko-Morizet à Bruno Le Maire en passant par Henri Guaino, font de la figuration et n’ont même guère de chance d’obtenir les 8.000 signatures de militants nécessaires pour se présenter.
Bref, des deux côtés, on a tout verrouillé et l’avenir du parti va se jouer dans les magouillages de couloirs, entre apparatchiks.
Le PS qui avait pourtant eu l’excellente idée des primaires pour se choisir un candidat à la présidentielle ne veut plus prendre le risque de faire apparaitre au grand jour certaines divergences avec… le président. Maintenant, le PS n’a plus qu’un seul rôle à jouer, celui de « godillot ». Martine Aubry que tout sépare de Hollande et de Ayrault l’a admis et se retire dignement sur son Aventin lillois en attendant de voir la roue tourner.
Au PS, tout le monde a bien compris que si le quinquennat était raté, il n’y aurait plus qu’à retourner sur les bancs tristounets de l’opposition. C’est donc, de gré ou de force, l’union sacrée et chacun est prié de faire taire ses états d’âme.
A l’UMP, où l’on est déjà convaincu qu’après un quinquennat désastreux la gauche sera balayée en 2017, on sait que celui qui sera désigné comme patron du parti sera, évidemment, le candidat qui aura à affronter Hollande. Copé n’a jamais caché ses ambitions, démesurées aux yeux de certains, Fillon non plus qui, se souvenant de la carrière de Chirac, s’est d’ailleurs ajouté un objectif-tremplin à mi-parcours : la mairie de Paris.
Seuls, les militants encartés et à jour de cotisation pourront choisir entre Fillon et Copé ce qui donne un avantage évident à ce dernier qui tient, depuis des années, d’une main de fer, le mouvement.
Or, autant il est normal de procéder à un scrutin « fermé » pour élire le président du parti autant des primaires « fermées » deviennent dangereuses pour désigner le futur candidat à la présidentielle. Les militants n’ont pas les mêmes préférences que l’ensemble du corps électoral. Le PS l’avait bien compris qui avait choisi le principe de primaires « citoyennes », ouvertes à tous. Avec des primaires « fermées », Martine Aubry aurait, sans doute, été désignée comme candidate et elle aurait, selon toute vraisemblance, été battue en face de Sarkozy.
D’ailleurs tous les sondages montrent que Copé est le favori des militants et que Fillon est le préféré des Français. Tout le monde semble avoir déjà oublié que les deux lascars ont été impliqués jusqu’à la moelle dans le sarkozisme, l’un en tant que Premier ministre, l’autre en tant que chef du parti présidentiel. Il est vrai qu’en 2017 beaucoup d’eau sera passée sous les ponts et que certains commencent déjà à évoquer un retour triomphant du dit Sarkozy.
Mais ce qui est désolant dans ce petit spectacle c’est l’absence totale de nouveauté, d’imagination, de souffle. On reprend les mêmes et on continue comme si on n’avait pas compris que les Français en avaient assez de ces visages, de cette petite cuisine, de ces querelles d’égos.
Ce n’est ni avec Harlem Désir ni avec Cambadélis que le PS pourra devenir une grande force de propositions, aiguillonnant sans cesse le gouvernement avec des idées neuves. Et ce n’est ni avec Fillon ni avec Copé que l’UMP sera capable de reconstruire une droite crédible redonnant espoir aux Français.
On a bien l’impression que la vie politique française se limite désormais à la loi de l’alternance. Pour l’emporter, inutile d’avoir des idées, un programme ou de l’envergure. Il suffit d’avoir perdu au coup d’avant, car celui qui avait gagné perdra immanquablement. C’est la loi du « qui a gagné perdra ».
Désir et Cambadélis savent déjà que le PS perdra la présidentielle de 2017, Fillon et Copé savent déjà que l’UMP a toutes les chances de l’emporter en 2017. A ce petit jeu, on gagne toujours un coup sur deux. Par défaut. Il suffit d’attendre son tour, de verrouiller, de magouiller. Oui, c’est désolant.

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