mercredi 17 octobre 2012

L' allemand Wolfgang Schäuble demande le droit de rejeter un budget national


Schäuble veut une UE plus forte

Selon Schäuble, l'UE doit évoluer "dans le sens d'une union budgétaire". (© AP/dapd)

Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble entend proposer de grandes réformes, jeudi, à l'occasion du sommet européen. L'une d'entre elles sera par exemple d'accorder au commissaire aux Affaires économiques et monétaires le pouvoir de rejeter un budget national. Si certains commentateurs estiment que Schäuble veut modifier les traités européens pour stabiliser la zone euro, d'autres y voient la tentative d'accroître la marge de manœuvre de l'Allemagne.

Süddeutsche Zeitung - Allemagne

Schäuble invective Bruxelles, Londres et Karlsruhe

Avec sa proposition, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble cherche délibérément l'affrontement avec l'UE, la Grande-Bretagne et la Cour constitutionnelle allemande, constate le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung : "Le mécontentement de Schäuble vis-à vis du projet de réforme des présidents respectifs de la Commission européenne, du Conseil européen, de l'Eurogroupe et de la BCE est manifeste. Dans leur proposition, les quatre n'ont pas omis de proposer les eurobonds, honnis par le gouvernement allemand. Schäuble semble maintenant vouloir faire une contre-proposition. L'idée d'une réunion rapide de la Convention européenne [censée préparer dès le mois de décembre une modification des traités européens] est en outre un signal à la Grande-Bretagne. … Anti-européen sur le plan intérieur, apaisant vis-à-vis du continent - voilà le double-jeu du gouvernement britannique. Il est justifié de lui demander si celui-ci daignera au moins ne pas se mettre en travers du sauvetage de l'euro. Et Karlsruhe ? … Si Schäuble veut aussi obtenir des juges constitutionnels l'instauration d'un superviseur de l'UE pour les parlements nationaux, on est enclin à penser qu'en plus de modifier les traités européens, il veut aussi retoucher la Constitution allemande." (17.10.2012)

Il Sole 24 Ore - Italie

Un tranquilisant pour les Allemands

Avec sa proposition d'union budgétaire élargie portant sur la modification des traités européens, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble poursuit un double-objectif, estime le journal économique libéral-conservateur Il Sole 24 Ore : "Après avoir défendu pendant des années l'importance du marché intérieur européen, l'Allemagne est-elle désormais prête à sacrifier de quelque manière la communauté des 27 Etats à l'intégration indispensable de la zone euro à 17 ? Cette question est légitime au regard de la demande (répétée) de réforme des traités européens. … L'objectif allemand est double. D'un côté, il vise à asseoir la stabilité avec un contrôle mutuel accru des comptes publics et des réformes économiques. De l'autre, l'idée de modifier les traités européens cache le souhait d'apaiser l'opinion allemande avant les élections législatives, en lui assurant qu'on trouvera de nouvelles règles pour mieux gérer l'union monétaire." (17.10.2012)

Die Presse - Autriche

Une plus grande marge de manœuvre pour Merkel

Avant le sommet européen, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble échauffe les esprits, écrit le quotidien libéral-conservateur Die Presse. Ressortir la vieille idée d'un commissaire européen en charge de la discipline budgétaire est une initiative purement stratégique : "L'actuel commissaire aux Affaires économiques et monétaires devrait selon lui pouvoir décider seul de la conformité des lois budgétaires des pays de la zone euro. … Ce serait une rupture nette dans la façon de concevoir la politique budgétaire au sein de l'UE. … Schäuble s'était déjà fait remballé en faisant la même proposition en novembre 2011 et en février 2012. La France, notamment, y est allergique. Car ce commissaire imposerait toutes les idées de gestion budgétaire proscrites par le président François Hollande pendant sa campagne. … La proposition de Schäuble est donc surtout tactique. Elle donne à sa chancelière une marge de manœuvre pour le sommet de jeudi. Si Angela Merkel renonce à cette demande absolue, elle obtiendra des avantages sur des questions qu'elle juge réalistes, comme celle d'un budget propre à la zone euro." (17.10.2012)

Trouw - Pays-Bas

L'Europe du Nord ne participera pas

L'initiative de Schäuble est une contre-proposition au projet pour une intégration économique accrue de l'UE, présenté par le président de l'UE Herman Van Rompuy et jugé trop vague par le ministre allemand des Finances. Le quotidien social-chrétien Trouw estime de son côté que le plaidoyer de Van Rompuy pour une supervision bancaire, une mutualisation des dettes et un budget supplémentaire pour la zone euro va trop loin : "Le plan de Van Rompuy n'est pas vraiment convaincant pour les pays riches d'Europe du Nord. Le Belge va tellement loin qu'il risque de perdre complètement ces pays de son champ de vision. Van Rompuy souhaite logiquement moins d'approximations et plus d'unité pour la monnaie unique. … Il veut plus d'intégration dans la politique budgétaire, dans le sens d'une monnaie plus forte, mais il ne tient absolument pas compte de l'opinion dans toute une série de pays, dont les Pays-Bas. … C'est ce qui prévaut également pour la proposition des euro-obligations. Il demande ainsi plus de solidarité aux pays septentrionaux, alors que dans le même temps, l'opinion publique la met durement à l'épreuve ." (17.10.2012)

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