lundi 12 novembre 2012

Interview complète de Bachar Al Assad sur la chaîne Russia Today


Au cours d'une interview exclusive accordée à RT le président Bashar Al Assad a dit que le conflit n'est pas une guerre civile mais du terrorisme mené par des proxis et des combattants étrangers. Il a également accusé le premier ministre turc de convoiter la Syrie par ses ambitions impérialistes. 

Assad a dit que l'Occident crée des boucs émissaires comme ennemis - du communisme à l'Islam à Saddam Hussein. Il a accusé les pays occidentaux de chercher à faire de lui le prochain ennemi. 

Alors que les médias de masse mentionnent le conflit en Syrie comme étant celui entre le gouvernement d'Assad et différents groupes d'opposition le président affirme que la Syrie a été infiltrée par de nombreux groupes terroristes combattants pour le compte de pays occidentaux. 

Assad a mis en garde contre une guerre contre la Syrie prévenant que cela aurait des conséquences mondiales incalculables. 





"Mon Ennemi c'est le terrorisme et l'instabilité"

RT : Président de Syrie Bashar al Assad merci beaucoup de vous entretenir avec nous aujourd'hui.

Bashar al Assad : Vous êtes particulièrement bienvenus à Damas.

RT: Il y a de nombreuses personnes il y a un an qui n'étaient pas convaincues de votre maintien au pouvoir jusqu'à maintenant. Vous voilà de nouveau assis dans un palace présidentiel rénové et enregistrant cette interview. Qui est votre ennemi en ce moment ?

BA : Mon ennemi c'est le terrorisme l'instabilité en Syrie. Ce sont nos ennemis en Syrie. Ce n'est pas une histoire de peuple ce n'est pas une histoire de personnes. Tout la question ce n'est pas si je dois rester ou partir. C'est si le pays est sécurisé ou pas. Donc c'est l'ennemi que nous avons combattu en Syrie.

RT : Je suis arrivée il y a deux jours et j'ai eu la chance de parler avec un certain nombre de personnes à Damas. Certains disent que vous restiez ou pas cela n'a plus d'importance maintenant. Que répondez vous à cela ?

BA : Je pense que le fait que le président reste ou parte est une décision populaire. Ceci est lié à l'opinion de quelques personnes et la seule façon de le savoir c'est dans les urnes. Donc ce n'est pas lié à ce que l'on entend. C'est ce que nous pouvons obtenir dans les urnes et c'est par ce biais que tout président saura s'il doit rester ou partir.

RT : Je pense que ce qu'ils voulaient dire c'est que maintenant ce n'est plus vous la cible mais la Syrie.

BA : Je n'étais pas la cible je n'étais pas le problème de toute façon. L' Occident crée des ennemis autrefois c'était le communisme puis c'est devenu l'Islam, puis Saddam Hussein pour une raison différente. Maintenant ils veulent créer un nouvel ennemi en la personne de Bashar. C'est pourquoi ils disent que le problème c'est le président et qu'il faut qu'il parte. C'est pourquoi nous devons nous concentrer sur le vrai problème ne pas perdre notre temps à écouter ce qu'ils disent.

"Actuellement le combat ce n'est pas celui du président - c'est celui des Syriens défendant leur pays "

RT : Est-ce que vous pensez encore personnellement que vous êtes le seul homme qui peut maintenir l'unité de la Syrie et le seul homme qui peut mettre fin à ce que le monde appelle une "guerre civile" ?

BA : Nous devons examiner la situation sous deux angles. Le premier c'est la constitution et mon autorité découle de la constitution. Selon cette autorité et la constitution je doit être à même de résoudre le problème. Mais si cela ne veut pas dire qu'un autre Syrien ne peut pas être président nous avons de nombreux Syriens qui sont éligibles pour ce poste. Vous ne pouvez pas toujours lié tout un pays à une seule personne.

RT : Mais vous combattez pour votre pays. Croyez vous que vous êtes l'homme qui peut mettre fin au conflit et restaurer la paix ?

BA : Je dois être l'homme qui peut le faire et je l'espère mais cela ne concerne pas le pouvoir du président il s'agit de toute la société nous devons le préciser. Le président ne peut rien faire sans les institutions et sans le soutien du peuple. Donc actuellement le combat ce n'est pas celui du président c'est le combat des Syriens.Chaque Syrien est impliqué dans la défense de son pays maintenant.

RT : Cela l'est et de nombreux civils meurent aussi au cours des combats. Donc si vous deviez gagner cette guerre comment vous réconcilier avec votre peuple après tout ce qui s'est passé ?

BA : De nouveau soyons précis. Le problème n'est pas entre moi et mon peuple je n'ai pas de problème avec mon peuple parce que les US sont contre moi et que l'Occident est contre moi de même que de nombreux pays arabes dont la Turquie qui n'est pas arabe bien sûr. Si le peuple syrien était contre moi comme pourrais je être ici ?!

RT : Ils n'est pas contre vous ?

BA : Si le monde entier disons une grande partie dont votre peuple est contre vous êtes vous un superman ?! Vous êtes juste un être humain. Donc ce n'est pas logique. Il ne s'agit pas de se réconciler avec le peuple ou de réconciliation entre Syriens et Syriens nous n'avons pas de guerre civile. C'est du terrorisme et le soutien de l'étranger aux terroristes déstabilise la Syrie. C'est notre guerre.

RT : Vous ne pensez toujours pas que c'est une guerre civile parce qu'il y en a beaucoup qui pensent que ce sont des actes terroristes ce qui se passe en Syrie et il y a aussi un grand nombre de conflits sectaires. Par exemple nous avons tous entendu l'histoire de cette mère qui a deux fils dont l'un combat pour le gouvernement et l'autre pour les rebelles. Ceci ne serait pas une guerre civile ?

BA : Vous avez des divisions mais des divisions cela ne veut pas dire une guerre civile. C'est complètement différent. Les guerres civiles sont basées sur des problèmes ethniques ou sectaires. Parfois on peut avoir des tensions ethniques ou sectaires mais cela ne veut pas dire qu'il y a des problèmes. Donc si vous avez des divisions au sein d'une même famille ou d'une plus grande tribu ou dans la même ville cela ne veut pas dire qu'il y a une guerre civile. C'est complètement différent et c'est normal. On doit s'attendre à cela.

RT : Quand j'ai posé la question de la réconciliation avec votre peuple c'est ce que je voulais dire. Je vous ai entendu dire à maintes reprises que la seule chose qui comptait c'est ce que le peuple syrien pense de vous et ce que ressent le peuple syrien à votre égard et si vous devez être ou non président. Ne craignez vous pas qu'il y ait eu tant de dommages que quelque soit la raison finalement les Syriens ne vont pas s'attacher à la vérité mais qu'ils vous tiendront pour responsable du carnage dont ils ont souffert ?

BA : C'est une question hypothétique car ce que le peuple pense est juste et concernant ce qu'il pense nous devons lui poser la question. Mais je n'ai pas d'information là dessus pour le moment. Donc je n'ai pas peur de ce que certaines personnes pensent j'ai peur pour mon pays. Nous devons nous concentrer la dessus.

RT: Depuis des années il y a de nombreuses histoires sur l'armée syrienne invincible et la puissance des services secrets syriens mais nous voyons que comme vous le savez les forces gouvernementales ne peuvent pas écraser l'ennemi comme le peuple s'attendait à les voir faire et on voit des attaques terroristes en plein centre de Damas presque chaque jour. Sont ce des mythes ce que l'on dit de l'armée syrienne et des services secrets syriens ?

BA : Habituellement dans des circonstances normales quand vous avez l'armée et les services secrets et d'espionnage nous nous concentrons sur l'ennemi extérieur car même si nous avons un ennemi intérieur la société nous aide au moins en se servant pas d'incubateur terroriste. Actuellement dans ce cas là c'est une nouvelle forme de guerre , le terrorisme via des proxis soient des Syriens vivant en Syrie soient des combattants étrangers venant de l'extérieur. Donc c'est une nouvelle forme de guerre, c'est la première fois et donc il faut s'adapter à ce style de guerre et cela prend du temps ce n'est pas facile. Et dire que c'est aussi facile qu'en temps de guerre normale ou disons une guerre traditionnelle et régulière, non c'est beaucoup plus difficile. Deuxièmement le soutien que ces terroristes ont reçu de différentes façons dont les armements, l'argent, et l'aspect politique tout ceci est sans précédent. Donc on doit s'attendre à ce que ce soit une guerre dure une guerre difficile. On ne peut pas espérer qu'un petit pays comme la Syrie puisse vaincre en quelques jours quelques semaines tous ces pays qui nous combattent via des proxis.

RT : Oui mais quand on examine ce qui se passe, d'un côté on a un dirigeant et une armée et il donne des ordres à celle ci d'aller à droite à gauche droit devant et l'armé obéit. Et de l'autre côté on a des factions terroristes qui ne sont pas unis et qui n'ont pas une stratégie unifiée pour vous combattre. Alors qu'est ce qui se passe vraiment lorsqu'il y a affrontement ?

BA : Ce n'est pas le problème. Le problème c'est que ces terroristes combattent à l'intérieur des villes et dans les villes ous avez des civils. Quand vous combattez ce genre de terroristes vous devez faire en sorte de causer le moins de dégâts possible aux infrastructures et de faire un minimum de victimes civiles car on a des civils et on doit combattre on ne peut pas laisser les terroristes tuer et détruire. Donc c'est la difficulté dans ce type de guerre.

"Sans les combattants rebelles étrangers et les armes amenées clandestinement on pourrait en quelques semaines en venir à bout"

RT : Vous savez que les infrastructures et l'économie sont entrain de s'effondrer et le temps joue contre vous. A votre avis combien de temps vous faut-il pour écraser l'ennemi ?

BA : On ne peut pas répondre à cette question car personne ne peut affirmer qu'il a la réponse sur quand mettre un terme à la guerre sauf si nous savons quand ils vont arrêter de faire rentrer clandestinement des combattants étrangers venant de différentes parties du monde spécialement du Moyen Orient et du monde islamique et quand ils vont arrêter d'envoyer des armes à ces terroristes. Quand ils arrêteront alors je pourrai vous répondre que nous pourrons y mettre fin en quelques semaines. Ce n'est pas un gros problème. Mais tant qu'on a un approvisionnement continu en terroristes armements logistique et tout le reste cela va être une guerre à long terme.

RT : De même quand vous y pensez vous avez 4000Km de frontières poreuses donc votre ennemi peut n'importe quand faire des allées et venues en Jordanie Turquie pour s'approvisionner en armes se faire soigner et revenir combattre.

BA Aucun pays au monde ne peut fermer hermétiquement ses frontières. Ils utilisent parfois ce terme qui n'est pas correct même les US ne peuvent fermer hermétiquement leur frontière avec le Méxique par exemple. La même chose s'applique avec la Russie qui est un grand pays. Donc aucun pays ne peut fermer hermétiquement ses frontières. On ne peut seulement q'uaméliorer la situation en ayant de bonnes relations avec ses voisins et c'est quelque chose que nous n'avons pas pour le moment avec la Turquie. La Turquie soutient plus qu'aucun autre pays les infiltrations des terroristes et des armes.

"L'Armée syrienne n'a reçu aucun ordre de bombarder le territoire turc"

RT : Puis je vous dire quelque chose ? J'ai été en Turquie récemment et les gens là bas sont en fait très inquiets qu'il y ait une guerre entre la Turquie et la Syrie. Pensez vous qu'une guerre avec la Turquie est un scénario réaliste ?

BA : Rationnellement je ne le pense pas - pour deux raisons. La guerre a besoin du soutien de l'opinion publique et la majorité des Turcs ne veulent pas de cette guerre. Donc je ne pense pas qu'un dirigeant rationnel penserait aller à l'encontre de l'opinion publique de son pays et c'est la même chose pour le peuple syrien. Donc le conflit ou le différent n'est pas entre le peuple turc et le peuple syrien; c'est un problème avec le gouvernement et les responsables, c'est entre nos responsables et les leurs à cause de leur politique. Donc je ne vois pas de guerre entre la Syrie et la Turquie à l'horizon.

RT : Quand avez vous parlé pour la dernière fois avec Erdogan et comment cela s'est -t-il terminé ?

BA : Mai 2011 après qu'il eut remporté l'élection.

RT : Donc vous l'avez juste félicité et c'était la dernière fois que vous lui parliez ?

BA : Oui et cela a été la dernière fois.

RT : Qui bombarde la Turquie ? sont ce les forces gouvernementales ou les rebelles ?

BA : Pour trouver la réponse on doit former un comité conjoint entre les deux armées pour savoir qui bombarde qui car le long des frontières il y a de nombreux terroriste qui ont des mortiers donc ils peuvent faire la même chose. On doit se rendre sur place et enquêter sur le bombardement mais cela n'a pas eu lieu. Nous avons demandé au gouvernement turc pour mettre sur pied ce comité mais ils ont refusé donc on n'a pas de réponse. Mais quand on a ces terroristes aux frontières on ne peut pas exclure qu'ils fassent cela car l'armée syrienne n'a reçu aucun ordre de bombarder le territoire turc car nous n'avons aucun intérêt à le faire et le peuple turc n'est pas notre ennemi. Nous les considérons comme des frères donc pourquoi le faire sauf si cela arrive par erreur et alors il faut une enquête.

RT : Acceptez vous que ce pourrait venir par erreur des forces gouvernementales ?

BA : Cela peut arriver. c'est une possibilité et dans toute guerre il y a des erreurs. Vous savez en Afghanistan ils parlent continuellement de tirs amis si vous tuer l'un de vos propre soldat donc cela veut dire que c'est possible dans toute guerre mais je ne peux pas dire oui.

"Erdogan pense qu'il est le Calife"

RT : Pourquoi la Turquie que vous dites être une nation amie est devenu un tremplin pour l'opposition ?

BA : Ce n'est pas la Turquie mais seulement le gouvernement D' Erdogan pour être plus précis. Le peuple turc a besoin d'avoir de bonnes relations avec le peuple syrien. Erdogan pense que si les Frères Musulmans s'emparent de la région et spécialement de la Syrie il peut garantir son futur politique c'est l'une des raisons. L'autre raison c'est qu'il pense personnellement qu'il est le nouveau sultan de l'empire ottoman et qu'il peut contrôler la région comme c'était pendant l'ancien empire ottoman sous une nouvelle tutelle. Dans son coeur il pense qu'il est un calife. Ce sont les deux principales raisons pour lesquelles il a changé sa politique de zéro problème à zéro ami.

RT : Mais ce n'est pas seulement l'Occident qui s'oppose à vous actuellement mais il y a de nombreux ennemis dans le monde arabe c'est à dire il y a deux ans quand on entendait votre nom on rajustait sa cravate et maintenant à la première occasion ils vous trahissent. Pourquoi avez vous tant d'ennemis dans le monde arabe ?

BA : Ce ne sont pas des ennemis. La majorité des gouvernements arabes soutiennent la Syrie du fond du coeur mais ils n'osent pas le dire explicitement.

RT : Pourquoi ?

BA : Sous pression de l'Occident et parfois sous pression des pétro dollars du monde arabe.

RT : Qui vous soutient dans le monde arabe ?

BA : De nombreux pays soutiennent la Syrie du fond du coeur mais ils n'osent pas le dire de façon explicite. D'abord l'Irak qui joue un rôle très actif pour soutenir la Syrie pendant cette crise car c'est un pays voisin et ils comprennent et reconnaissent que s'il y a une guerre à l'intérieur de la Syrie on aura la guerre dans les pays voisins inclus l'Irak. Je pense qu'il y a d'autres pays qui ont une bonne attitude telle l'Algérie et Oman principalement et il y a d'autres pays je ne vais pas les énumérer maintenant mais ils ont une attitude positive sans agir.

RT : L'Arabie Saoudite et le Qatar pourquoi veulent -ils à tout prix que vous démissionniez et pourquoi un Moyen Orient instable peut servir leur agenda ?

BA : Soyons franc je ne peux pas répondre à leur place. Ils doivent répondre à cette question mais je peux dire que le problème entre la Syrie et de nombreux pays dans le monde arabe ou dans la région ou en Occident c'est que nous continuons de dire non quand nous pensons que nous devons dire non c'est le problème. Et certains pays pensent qu'ils peuvent contrôler la Syrie en donnant des ordres, de l'argent ou des pétro dollars et c'est impossible en Syrie c'est le problème. Peut être qu'ils veulent jouer un rôle. Nous n'avons pas de problème ils peuvent jouer un rôle qu'ils le méritent ou pas ils peuvent jouer un rôle mais pas jouer un rôle aux dépends de nos intérêts.

RT : Est ce qu'il s'agit de contrôler la Syrie ou d'exporter leur vision de l'Islam en Syrie ?

BA : Parfois on ne peut pas parler de politique gouvernementale. Parfois on a des institutions dans certains pays parfois on a des personnes qui essaient de promouvoir cela mais ils ne l'annoncent pas comme politique officielle. Donc ils ne nous ont pas demandé de promouvoir disons l'attitude extrémiste de leurs institutions mais cela s'est passé dans la réalité que ce soit par le soutien indirect de leur gouvernement ou par la création d'institutions et leur personnel. Donc cela fait partie du problème mais lorsque je veux parler en tant que représentant du gouvernement je dois parler de la politique qu'ils annoncent. Celle ci est comme toute politique, une question d'intérêt, jouer un rôle mais on ne peut pas ignorer ce que vous avez mentionné.

RT : L'Iran qui est aussi un allié très proche est lui aussi soumis à des sanctions économiques et confronté à une menace d'invasion militaire. Si vous deviez choisir entre couper les liens avec l'Iran en échange de la paix dans votre pays le feriez vous ?

BA : Nous n'avons pas d'options contradictoires sur ce sujet car nous avons de bonnes relations avec l'Iran depuis 1979 jusqu'à ce jour et cela s'améliore chaque jour mais en même temps nous avançons vers la paix. Nous avons eu un processus de paix et nous avons eu des négociations de paix. L' Iran ne s'est pas opposé à la paix. c'est de la désinformation qu'ils essaient de répandre en Occident que si nous voulons la paix nous ne devons pas avoir de bonnes relations avec l'Iran. Il n'y a pas de relation; ce sont deux sujets complètement différents. L' Iran soutient la Syrie soutient notre cause la cause d'un territoire occupé et nous devons soutenir leur cause. C'est très simple. L' Iran est un pays très important dans la région. Si nous cherchons la stabilité nous devons avoir de bonnes relations avec l'Iran. On ne peut pas parler de stabilité si on a de mauvaises relations avec l'Iran, la Turquie et les voisins ect. C'est ainsi.

"Le but ultime d'Al Qaeda c'est un Emirat islamique en Syrie "

RT: Quel est le rôle d'Al Qaeda en Syrie actuellement ? Contrôlent t-ils certaines forces de la coalition rebelle ?

BA : Non je ne pense pas qu'ils cherchent à contrôler ils cherchent à créer leurs propres royaumes ou émirats selon leur langage mais actuellement ils visent principalement à semer la terreur dans le peuple par des explosions des assassinats des attentats suicide et d'autres choses de ce type pour pousser le peuple au désespoir afin qu'il les accepte comme une réalité. Donc ils progressent pas à pas mais leur but ultime c'est d'avoir cela disons un Emirat islamique en Syrie où ils pourront faire la promotion de leur propre idéologie dans le reste du monde.

RT: Parmi ceux qui vous combattent et ceux qui sont contre vous avec qui parleriez vous ?

BA : Nous parlons à quiconque veut vraiment aider la Syrie mais nous ne perdons pas notre temps avec quiconque veut utiliser notre crise pour satisfaire ses intérêts personnels.

RT: Il y a eu de nombreuses fois....où les forces gouvernementales pas vous ont été accusées de crimes de guerre contre vos propres citoyens acceptez vous qu'on puisse dire que les forces gouvernementales aient commis des crimes de guerre contre leurs propres citoyens ?

BA: Nous combattons le terrorisme. Nous mettons en pratique notre constitution en protégeant le peuple syrien. Revenons à ce qui s'est passé en Russie il y a plus d'une décennie quand vous étiez confrontés au terrorisme en Tchéchénie et dans d'autres endroits; Ils ont attaqué des personnes dans des théâtres et des écoles et ainsi de suite et l'armée russe a protégé son peuple appeleriez vous cela des crimes de guerre ? Non vous ne le feriez pas. Il y a deux jours Amnesty International a reconnu les crimes commis il y a peu par des groupes armés quand ils ont capturé des soldats et les ont exécutés. De même Human Right Watch a reconnu cela. HRW a reconnu à plusieurs reprises les crimes de ces groupes terroristes et il y a quelques jours ils ont décrit ces crimes comme des crimes de guerre c'est le premier point. Le deuxième point si vous avez une armée qui commet un crime contre son propre peuple cela n'a pas de sens car ce sont des conscrits syriens qui composent l'armée syrienne. Si vous voulez commettre un crime contre votre peuple alors l'armée se divisera et se désintégrera. Donc vous ne pouvez pas avoir une armée forte qui tue son propre peuple. Troisièmement l'armée ne peut pas avoir tenu bon pendant ces 20 mois dans ces circonstances difficiles sans le soutien de l'opinion publique en Syrie. Donc comment pourriez vous avoir ce soutien si elle tuait son propre peuple ? Il y a là une contradiction. Donc voilà la réponse.

"Je dois vivre en Syrie et mourir en Syrie"

RT : Quelle est la dernière fois où vous avez parlé à un dirigeant occidental ?

BA : C'était avant la crise.

RT : Il y a t-il eu des moments où ils ont essayé de vous imposer comme condition que si vous quittiez le pouvoir il y aurait la paix en Syrie ?

BA : Non ils ne l'ont pas proposé directement non mais qu'ils l'aient proposé directement ou indirectement c'est une question de souveraineté; seul le peuple syrien en décidera. Quiconque en parle dans les médias où dans des déclarations directement ou indirectement ne représente rien et n'a aucun poids en Syrie.

RT : Avez vous seulement le choix car vu de l'extérieur vous semblez n'avoir nulle part où aller. Où iriez vous si vous vouliez partir ?

BA : En Syrie. j'irai de Syrie en Syrie. C'est le seul endroit où je peux vivre. Je ne suis pas un pantin. Je n'ai pas été fabriqué par l'Occident pour aller en Occident où dans un autre pays. Je suis Syrien j'ai été crée en Syrie je dois vivre en Syrie et mourir en Syrie.

" Je crois en la démocratie et dans le dialogue - mais nous devons être réaliste "

RT : Pensez vous qu'actuellement il y ait une quelconque chance pour la diplomatie ou des négociations ou bien seule l'armée peut résoudre la crise ?

BA : J'ai toujours cru en la diplomatie et j'ai toujours cru au dialogue même avec ceux qui ne les comprennent pas ou n'y croient pas. Nous devons continuer d'essayer. Je pense que toujours nous réussirons partiellement. Nous devons rechercher ce succès partiel avant d'obtenir un succès complet. Mais nous devons être réalistes. On ne peut pas croire que seul le dialogue permet d'obtenir quelque chose car ces gens qui commettent ces actes sont de deux sortes : les premiers ne croient pas au dialogue tout spécialement les extrémistes et on a les hors la loi qui ont été condamnés par les tribunaux avant la crise et leur ennemi naturel c'est le gouvernement car ils seront emprisonnés si nous avons une situation normale en Syrie. Les seconds ce sont ceux à qui sont approvisionnés de l'extérieur et ils ne peuvent que servir les gouvernements qui les paient et leur fournissent des armes ils n'ont pas le choix car ils ne peuvent décider par eux -mêmes. Donc il faut être réaliste. Et vous avez le troisième groupe de gens que ce soient des militants ou des politiciens qui peuvent accepter le dialogue. C'est pourquoi nous avons entrepris ce dialogue depuis des mois avec ces militants et en grand nombre d'entre eux ont abandonné les armes et ils sont retournés à leur vie normale.

" Le prix d'une invasion étrangère serait bien plus élevé que ce que le monde peut supporter "

RT : Pensez vous qu'une invasion étrangère est imminente ?

BA : Je pense que le prix de cette invasion si cela se produisait sera bien plus élevé que ce que le monde entier peut supporter car si on a un problème en Syrie et nous sommes le dernier bastion séculier de stabilité et de coexistence dans la région disons cela aura un effet domino qui touchera le monde de l'Atlantique au Pacifique et vous connaissez les implications sur le reste du monde. Je ne pense pas que l'Occident se dirige dans cette direction mais personne ne peut dire ce qui sera.

RT : Mr le président vous accusez vous de quoi que ce soit ?

BA : Normalement on doit se trouver des erreurs commises dans chaque décision sinon vous n'êtes pas humain.

RT : Quelle est votre plus grande erreur ?

BA: Je ne m'en souviens pas maintenant pour être franc. Mais même avant de prendre une décision j'envisage toujours ce qui pourrait être érronné mais on ne peut pas discuter d'erreur actuellement. Parfois surtout pendant la crise on ne sait pas ce qui est bon ou pas bon jusqu'à ce qu'on surmonte la situation dans lequel on est plongé. Je ne serais pas objectif si je parlais d'erreurs actuellement car nous sommes encore en plein milieu de la crise.

RT : Donc avec vous déjà des regrets ?

BA : Pas maintenant. quand tout sera clair on peut parler d'erreurs et évidemment il y en a c'est normal.

RT : Si aujourd'hui c'était le 15 Mars 2011 quand les manifestations ont commencé se sont amplifiées et développées que feriez vous différemment ?

BA : Je ferais ce que j'ai fais le 15 Mars.

RT: Exactement la même chose ?

BA : Exactement la même chose : demandez à différents groupes de dialoguer et d'affronter les terroristes car c'est ainsi que cela a commencé. Je n'ai pas commencé les manifestations celles ci ont servi de couverture mais au sein de ces manifestations on a des militants qui ont commencé à tuer des civils et des soldats en même temps. Peut être que côté tactique nous aurions pu faire différemment mais comme président on n'est pas tacticien on prend toujours la décision à un niveau stratégique c'est différent.

RT : Mr le président comment vous voyez vous dans dix ans ?

BA : Je me vois à travers mon pays je ne peux pas me voir en dehors de mon pays dans dix ans. C'est où je peux me voir.

RT : Vous voyez vous en Syrie ?

BA: Définitivement je dois être en Syrie. Ce n'est pas une question de position. Je ne me vois pas en tant que président ou pas. Cela ne m'interesse pas. Je peux me voir dans ce pays comme un pays sécurisé un pays stable et un pays plus prospère.

RT : Président Bashar al Assad merci pour avoir parlé à RT.

BA : Merci d'être revenue en Syrie.

Traduction Mireille Delamarre 

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