vendredi 29 janvier 2016

Repenser Donald Trump, par Sam Husseini

Repenser Donald Trump, par Sam Husseini

Source Consortiumnews.com, 18 décembre 2015

La campagne présidentielle en roue libre et narcissique de Donald Trump a gagné le mépris général des médias dominants et des politiciens de l'establishment, mais c’est en partie parce qu’il a osé défier de dangereuses orthodoxies, comme le délire néoconservateur/faucon libéral pour « le changement de régime. »

Par Sam Husseini

Ainsi l'establishment veut tellement que chacun supprime les partisans de Donald Trump de ses amis sur Facebook  qu’il y a même une application pour les bloquer. Ça leur apprendra !

Certes, Trump joue la brute lorsqu’il fait appel aux (bons) sentiments populistes aussi bien qu’aux (mauvais) sentiments nativistes, xénophobes ou racistes. Le mal doit être pleinement abordé et traité au lieu d'être mis à l'écart par des gens soi-disant raffinés, qui se pincent le nez. Le bien devrait être reconnu et encouragé.

Donald Trump, le milliardaire et candidat républicain à la présidence.

Beaucoup de gens, concentrés sur les aspects négatifs de sa campagne, sont restés aveugles à ce qu'elle contient de bon — et je ne veux pas dire bon dans le sens « Oh, le démocrate peut battre ce type! » Je veux dire bon dans le sens où il est bon que quelques questions importantes — comme le rôle militaire des États-Unis dans le monde — soient exposées au grand jour.

Trump fait appel aux sentiments nativistes — comme Pat Buchanan dans sa campagne de 1992 — mais parallèlement aux arguments fondés sur « l’Amérique d'abord » de Buchanan est née la défiance envers les ambitions impérialistes. De même, Trump a récemment déclaré que la ministre de la Défense Hillary Clinton « a tué des centaines de milliers de gens par sa stupidité […] Le Moyen-Orient est devenu un désastre total sous son administration. »

Or, je pense que c’est assez juste, bien qu’à mon avis la politique américaine soit peut-être plus machiavélique que stupide. Mais cette remarque est un bol d’air frais sur la scène nationale. Ainsi, de temps en temps, Trump parle vrai, y compris quand il dit que les politiciens se vendent aux riches donateurs et quand il accuse les accords « de libre-échange » de coûter aux travailleurs américains les emplois de leur classe moyenne.

Mais le courant dominant diffuse que Trump est un menteur intégral. Le New York Times a récemment prétendu établir un classement de la crédibilité des candidats à la présidentielle. D’après l’évaluation du Times, Trump était hors-concours sur l’échelle du mensonge. Mais je n’ai jamais vu personne vérifier factuellement ses affirmations concernant les traces probantes de la responsabilité de l'ex-ministre des Affaires étrangères, H. Clinton, dans le chaos sanglant où elle a plongé la Libye, la Syrie et d’autres pays du Moyen-Orient. Ce n’est pas le genre de discussions que l’institution médiatique veut ouvrir.

Bien sûr, quelques phrases après son commentaire sur le bilan mortel de Clinton, il évoque l’attaque, le 11 Septembre 2012, de la base de la CIA à Benghazi, ce qui conduit Salon à l’écarter comme adepte des « théories du complot », et ce sera tout ce que de nombreuses personnes entendront jamais et non l’intégralité de son point de vue.

Quelqu’un énonçant parfois des vérités dérangeantes ne devrait-il pas être crédité de briser les tabous « politiquement corrects », comme reconnaître l’évident désastre de l'interventionnisme des États-Unis à travers le Moyen-Orient ? Trump énonce ces vérités, comme il l’a fait durant les débats de Las Vegas au sujet des guerres impliquant les États-Unis :

« Nous avons dépensé 4 000 milliards de dollars pour renverser des personnes qui franchement, si elles étaient encore là et que nous avions dépensé ces 4 000 milliards aux États-Unis pour réparer nos routes, nos ponts, nos aéroports et tous les autres problèmes que nous avions, nous nous en serions portés beaucoup mieux. Je peux vous le dire tout de suite. »

Franchement, il s’agit d’une critique des dépenses militaires plus forte que ce que l’on a entendu récemment de la part du sénateur Bernie Sanders. Mais les remarques de Trump, ou du sénateur Rand Paul, à propos de la politique américaine de « changement de régime » et des attentats, sont souvent ignorées. Il est plus commode de se concentrer sur la gentillesse américaine en laissant entrer quelques milliers de réfugiés plutôt que d’examiner comment des millions d’habitants de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, du Pakistan, du Yémen, de Somalie et d’autres pays ont perdu leurs maisons en raison de la politique du gouvernement des États-Unis.

Une constitution longtemps ignorée

Quelques critiques disent que la proposition de Trump d'interdire temporairement l'immigration des musulmans est inconstitutionnelle (bien que cet argument soit discutable sur le plan légal indépendamment de ce que l’on pense de la moralité et de l’aspect pratique de son idée).

Mais il y a aussi la question de la fréquence à laquelle les récents présidents ont violé la constitution ces dernières années, suscitant à peine un coup d'œil furtif de la part des grands médias. Flash d’information : le président démocrate à peine installé a bombardé sept pays sans déclaration de guerre. Nous avons efficacement tiré la chasse d'eau sur la constitution. Cela justifie-t-il de nouvelles violations ? Non. Mais le prétendu scandale moral à ce sujet n'est qu'un mot creux.

Et il existe une certaine logique dans la détestation nativiste des Musulmans. C’est une position évidemment erronée à plus d’un égard, mais compréhensible au regard des informations biaisées données en pâture au public. Dans la mesure où personne, sur la scène nationale, ne se livre à une critique sérieuse et systématique de la politique des États-Unis au Moyen-Orient, telle que les nombreuses invasions américaines destinées à provoquer des « changements de régime » ou l’alliance de longue durée avec l’Arabie saoudite et Israël, il est logique de dire qu’un changement est nécessaire, et ce changement consiste à se séparer des musulmans.

D’autres esprits raffinés ont également reproché à Trump de s’être comporté, lors du débat à Las Vegas, comme s’il ignorait ce qu’est la triade nucléaire (cette stratégie datant de la guerre froide qui consiste à procéder à des bombardements nucléaires depuis des missiles au sol, des bombardiers stratégiques et des sous-marins).

Eh bien, je ne peux dire s’il ignore cette doctrine ou s’il faisait juste semblant. Mais je suis plutôt content qu’il n’ait pas adopté le point de vue gouvernemental prétendant que ce serait une bonne idée de dépenser un milliard de dollars pour « moderniser » l’arsenal nucléaire américain afin que nous puissions à nouveau menacer efficacement la planète durant une autre génération.

Les gens se souviennent peut-être que, en dépit de toute la rhétorique du Président Barack Obama sur la fin des armes nucléaires, c’est le Président Ronald Reagan qui, après toutes ses fanfaronnades sur l’Empire du Mal et l’établissement de missiles nucléaires de moyenne portée en Europe, a  failli saisir l’occasion lorsque le leader soviétique Mikhaïl Gorbatchev a proposé l’élimination des arsenaux nucléaires.

Pour les journalistes conventionnels d’aujourd’hui, il est beaucoup plus simple de suivre le courant et de haïr Trump, comme tous les grands médias souhaitent que nous le fassions. Après tout, une bonne part de notre culture politique se nourrit de haine. Apparemment, la haine amène les gens à faire ce qu’on veut qu’ils fassent. Donc vous les effrayez en créant de vilains croquemitaines comme Saddam Hussein, Bachar el-Assad ou Vladimir Poutine.

Les gens ont été encouragés à haïr Saddam Hussein à un point tel qu’ils ont été nombreux à soutenir la désastreuse invasion de l’Irak. Ils ont été soumis à une propagande pour les faire haïr Bachar el-Assad à un point tel que la politique des États-Unis a contribué à l’émergence de Daesh. Poutine a été transformé en un tel méchant de bande dessinée que des gens qui devraient réfléchir davantage parlent tranquillement de descendre des avions russes et de provoquer un « changement de régime » à Moscou.

John Kasich, Gouverneur de l’Ohio, le Républicain soit-disant « raisonnable » et « modéré », déclare « qu’il est temps que nous écrasions le nez des Russes. » Qui se soucie du risque d’une guerre nucléaire ? Ne détestons-nous pas tous Poutine ?

A présent, de nombreux Américains — républicains comme démocrates — diabolisent Trump. Tout ce qu’il dit est présenté dans le contexte le plus défavorable, sans perspective équitable. Il est devenu le centre de la haine, la haine, la haine. Il est le méchant au cœur noir. Mais pourquoi ne pouvons-nous pas simplement prendre les gens pour ce qu’ils sont, avec leurs bons et leurs mauvais côtés ?

S’interroger sur la haine

Trump en appelle à une interruption de l’immigration musulmane « jusqu’à ce que nous puissions nous faire une foutue idée de ce qui se passe » — ce qui, vu l’apparente propension de notre culture politique à ne jamais se faire une idée de quoi que ce soit, pourrait bien signifier jusqu'à la fin des temps. Mais cette observation soulève une véritable question : pourquoi les populations du Moyen-Orient sont-elles remontées contre les États-Unis ?

Comme le dit Trump : « La haine [des musulmans à l'encontre des États-Unis] est énorme. D’où vient-elle, je n’en sais rien. » Mais, contrairement à pratiquement tous ceux qui disposent d’un mégaphone, Trump soulève réellement la question du ressentiment à l’égard des États-Unis au Moyen-Orient.

Pratiquement la seule autre personne sur la scène nationale à tenir ce genre de propos est le sénateur Rand Paul (Républicain, Kentucky), bien qu’il l’ait également exprimé de manière maladroite et que ses propos sonnent comme une pâle copie de ceux que son père, Ron Paul (Républicain, Texas) a tenus.

Bien entendu il faudrait dire : si nous sommes incapables de nous faire « une foutue idée » de ce qui se passe, alors nous peut-être devrions arrêter les bombardements. Mais ceci n’est pas dit, parce que le grand public vit dans l’illusion que Barack Obama est une colombe pacifiste. La vérité, c’est qu’Obama a bombardé plus de pays qu’aucun autre président depuis la Seconde Guerre mondiale — sept selon son propre décompte : l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak, la Syrie, le Yémen, la Libye et la Somalie.

La moitié de ce que dit Trump peut être faux et à la limite du délire. Mais il dit également des choses vraies — des choses d’une importance critique que personne d’autre disposant d’un accès médiatique ou politique ne dit.

Lors du débat de cette semaine à Las Vegas, Trump a déclaré : « Quand le World Trade Center s’est effondré, des gens ont été mis dans des avions, ils étaient des amis, des membres de la famille ou des petites amies, ils ont été mis dans des avions et renvoyés, pour la plupart, en Arabie saoudite. »

D’accord, le commentaire de Trump était confus et imprécis — il pouvait faire allusion à la décision extraordinaire du Président George W. Bush de laisser de riches Saoudiens, parmi lesquels des membres de la famille Ben Laden, embarquer à bord des premiers vols civils autorisés après le 11 Septembre afin qu’ils puissent échapper à un interrogatoire serré du FBI et peut-être à l’animosité du peuple américain — mais sa remarque pose la légitime question des implications de l’Arabie saoudite dans les événements du 11 Septembre.

Certes, Trump déclare qu’il bombardera la Syrie à mort, comme pratiquement tout autre candidat républicain. (Le sénateur Ted Cruz veut voir si « le sable peut briller dans le noir », une phraséologie généralement associée à un conflit nucléaire.) Mais Obama bombarde déjà bel et bien la Syrie et l’Irak, sans grand tintamarre médiatique. Ainsi, les gens pensent qu’il ne se passe rien et croient que le problème, c’est la passivité d’Obama.

Ce que les Américains sentent bien, c’est que le Président Obama, le précédent Président Bush et le reste de l’establishment se livrent à des jeux géopolitiques sans fin tout en les maintenant dans l’ignorance. En tant que citoyens de ce qui est censé être une république démocratique, ils ont raison d’en avoir assez. Beaucoup de ceux qui soutiennent ou éprouvent de la sympathie pour Trump, semblent penser qu’il pourrait être le seul à renverser la table et faire du barouf.

Trump, l’anti-impérialiste ?

Trump se vante de sa prétendue opposition à la guerre d’Irak, bien que je ne me souvienne pas l’avoir vu participer à aucune des manifestations contre la guerre en 2002-2003. Mais il semble qu’il ait émis quelques critiques en 2003-2004. Rien de bien génial ou courageux. Mais c’est une bonne chose que celui qui dispose du plus gros mégaphone déclare que la guerre d’Irak était une mauvaise chose.

Les gens qui suivent Trump pourraient du coup porter un regard critique sur l’appétit qu’éprouve le gouvernement des États-Unis pour les guerres perpétuelles. Songez un instant à quoi pourrait ressembler une compétition entre Trump et Clinton, étant donné que cette dernière a voté pour l’invasion de l’Irak — puis poussé à de violents « changements de régime » en Libye et en Syrie. Trump pourrait finir par apparaître comme le candidat anti-impérialiste.

A tout le moins, Trump donne l’impression qu’il agirait comme un nationaliste normal, et non comme l’un de ces mondialistes calculateurs et intéressés. Une bonne partie de la population des États-Unis semble souhaiter cela. Et, si cela s’avère exact, c’est une bonne chose. C’est également une bonne chose que Trump redynamise des gens qui avaient perdu toute foi en la politique.

Trump — le seul apparemment parmi les candidats républicains à la présidentielle — dit qu’il engagera des discussions avec le Président russe Poutine. Avoir un tant soit peu l’idée que le boulot d’un président, c’est d’essayer d’établir des relations raisonnables avec les autres grandes puissances nucléaires, m’apparaît comme un gage important. Il donne l’impression d’être un nationaliste enragé, mais — au contraire de la plupart de nos dirigeants récents — pas enclin à mort à une domination mondiale. Ceux qui souhaitent un monde meilleur auraient bien besoin de cela.

Aucun démocrate d’envergure n’a appelé à un ré-examen sérieux de la manière dont les États-Unis mènent leur politique étrangère. Hillary Clinton a droit aux louanges de l’ultra-néoconservateur Robert Kagan pour ce qu’il appelle son « interventionnisme libéral », qu’il considère avec raison comme l’équivalent du néoconservatisme. [Voir sur Consortiumnews.com « La véritable "faiblesse" de la politique étrangère d'Obama. »]

Bien que Bernie Sanders ait voté contre la guerre d’Irak, il a montré peu d’intérêt ou de subtilité de réflexion sur qui nourrit l’essentiel de la violence extrémiste au Moyen-Orient. Il souhaite que les Saoudiens « mettent les mains dans le cambouis », alors qu’ils l’ont déjà fait en finançant et armant de brutales forces djihadistes sunnites, y compris celles qui ont partie liée avec Al-Qaïda et l'État islamique.

Sanders n’a pas l’air de comprendre que les djihadistes sunnites sont, de fait, des forces paramilitaires que les Saoudiens ont soutenues depuis les années 80, quand les moudjahidines fondamentalistes afghans ont été créés et armés pour renverser le régime laïque de Kaboul soutenu par les Soviétiques. Ce conflit a donné naissance à Oussama Ben Laden, à Al-Qaïda, aux talibans et au mouvement djihadiste contemporain.

Une occasion manquée

Lors d’un débat du parti démocrate juste après les attaques terroristes du 13 novembre à Paris, Sanders avait eu une occasion historique de traiter sérieusement de ces questions. Il aurait pu mettre en lumière les contradictions entre les alliances des États-Unis avec des pays tels que l’Arabie saoudite ou le Qatar et la « guerre contre le terrorisme ». Il aurait pu expliquer ce qu’il y a de fallacieux à chercher à provoquer des « changements de régime » à l’encontre de gouvernements laïques — comme en Irak, en Libye et en Syrie — quand tout ce qui en découle est le chaos, les effusions de sang et l’extrémisme.

Sanders aurait pu pointer du doigt combien la guerre perpétuelle est non seulement vouée à l’échec en tant que stratégie contre le terrorisme, mais également incompatible avec les investissements qu’il espère effectuer dans l’éducation, la santé, les infrastructures, l’environnement et les autres priorités domestiques. Il aurait pu en appeler à une vigoureuse réappropriation de ces politiques dévoyées et enthousiasmer la base démocrate.

Mais Sanders s’est refusé à débattre de manière réfléchie de la politique étrangère, préférant en revenir à son sujet favori : les inégalités de revenu. A présent il se plaint d’un manque de couverture médiatique. Effectivement, les médias classiques sont déloyaux à l’encontre des candidats progressistes, mais vous n’arrangez rien en refusant de prendre parti dans ce qui est probablement le grand débat fondamental de notre époque.

Le seul candidat nationalement important qui s’est sérieusement élevé contre les pulsions interventionnistes a été le républicain Ron Paul, qui a été diabolisé en 2008 de manière très semblable à ce que subit Trump aujourd’hui. Il est vrai que la comparaison est imprécise : Trump a peu détaillé en quoi son approche du monde différerait de celle du Président Obama ou ses rivaux républicains. Beaucoup de ses commentaires sont restés elliptiques sur ses talents de négociateur et plutôt approfondis en matière de politique — et il est apparu belliqueux quand il évoquait l'État islamique.

S’il est élu, Trump pourrait s’avérer peu différent des autres présidents récents — après tout, le Département d'État et le Pentagone sont peuplés de bureaucrates qui sont sortis du rang en collant au point de vue néoconservateur et d’interventionnisme libéral de l’establishment. Mais Trump, un brasseur d’affaires d’envergure mondiale, pourrait se montrer plus pragmatique qu’enclin à l’idéologie.

En matière économique, Trump est le seul des Républicains à défendre un impôt progressif sur le revenu et il a chanté les louanges de la Sécurité Sociale. Tom Ferguson a remarqué : « Les électeurs à faibles revenus semblent l’apprécier deux fois plus que les électeurs aux gros revenus qui le soutiennent dans le camp républicain. » Trump s'est « même attaqué à des sujets virtuellement sacro-saints pour les Républicains, notamment l’allègement fiscal des revenus sur investissement des super-riches ».

Trump s’est montré abrupt à propos de la corruption dans la classe politique américaine. Comme l’écrit Lee Fang : « Donald Trump prétend qu’il peut acheter les hommes politiques. Aucun de ses rivaux n’a démenti. »

Y a-t-il du bon dans Trump ?

Ainsi, les progressistes pourraient-ils marquer une pause, le temps de noter que c’est peut-être une bonne chose que de nombreux électeurs désabusés — écœurés par la politique habituelle — aient trouvé quelqu’un qui s’adresse à la fois à leurs peurs et leurs espoirs, bien que de manière souvent confuse, voire choquante.

Il est important de le souligner : je n’ai aucune idée de ce que pense réellement Trump. Soutenir sa candidature revient probablement à essayer de deviner ce qui se cache derrière la porte dans « Le juste prix ». Sa philosophie politique — si l’on peut employer pareille expression — est un salmigondis d’idées contradictoires. Il pourrait même se révéler plus autoritaire que ce que nous en avons vu jusqu’à présent. Mais, d’une certaine manière, il représente une rupture bienvenue dans l’immonde orthodoxie de l’establishment.

Il est également possible qu’il soit juste en train de monter une comédie destinée à duper l’aile anti-establishment des Républicains et qu’il reviendrait aux vieilles pratiques de l’establishment s’il était élu — à l’instar de ce qu’Obama a fait — particulièrement en matière de politique étrangère. Après tout,  Trump le reconnaît : « Il y a sept mois, j’étais un membre de l’establishment. »

D’ailleurs, je n’ai aucune sympathie personnelle envers Trump. J’ai vécu dans l’un de ses immeubles lors de ma jeunesse dans le Queens. Sa flamboyance — alors que mon père et moi nous entassions dans un appartement avec une seule chambre — me dégoûtait. Je me souviens avoir vu adolescent la luxueuse Tour Trump à Manhattan avec mon père. Papa plaisantait, disant qu’il en possédait un centimètre carré, vu les loyers qu’il avait versés à Trump durant des années.

Sam Husseini est directeur de la communication pour l’institut d’Exactitude Publique et fondateur de votepact.org — qui incite à une coopération gauche-droite. Suivez le sur Twitter : @samhusseini.

Source Consortiumnews.com, 18 décembre 2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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