mardi 5 avril 2016

L’embrouille du débat sur la loi travail

L'embrouille du débat sur la loi travail




Postures politiques et faux débat démocratique

Quand on prendra enfin un peu de recul sur cette loi travail, une partie du brouillard médiatique d'annonces et de commentaires se dissipera. Malheureusement, le gouvernement n'a pas trop mal amené le débat sur cette loi, avec le rapport Combrexelles de la rentrée dernière, et la prise de position de Robert Badinter pour défricher le terrain quelques mois avant. Il a bien joué sur la légère (et très largement insuffisant) baisse du chômage dans plusieurs pays européens, oubliant les différences démographiques, ou même le début de la baisse chez nous, relativisant l'impact de nos règles… Pire, on peut même se demander si le projet initial ne comportait pas à dessein des provocations, comme la hausse du temps de travail des apprentis, dont le seul rôle était d'être des soupapes pour réduire la tension.

En outre, la quasi-totalité des médias défendent le démantèlement de notre droit du travail, de France Inter, comme le rappelle Marianne, à Europe 1 en passant par toutes les grandes chaines de Télévision, le Monde ou le Figaro, dans un unanimisme qui révèle un véritable problème démocratique. Nos médias sont-ils plus ouverts, sur certains sujets, que ceux de pays souvent présentés comme des quasi-dictatures ? Le discours de la majorité disqualifiant les opposants, renvoyés à l'image de râleurs archaïques, est entretenu par tous les médias. Et la majorité joue sur du velours puisque ceux qui dénoncent une reculade peuvent convaincre certains qu'elle a fait un vrai compromis quand ceux qui disent que rien ou presque n'a changé, tiennent un discours qui pourrait convaincre les partisans de la réforme.


Bien sûr, rien n'est joué et les courbes de popularité de l'exécutif relativisent les pronostics riants pour cette majorité en 2017, mais on aurait tort de prendre trop à la légère certaines critiques des choix de la majorité, aussi néfastes soient-ils. Il n'est pas sûr qu'en droitisant le débat, les Républicains en sortent vainqueurs, et entre temps, ce sont la France et les Français qui perdent.

Aucun commentaire: