samedi 30 avril 2016

Les actionnaires de Renault disent niet au pactole de Carlos Ghosn en 2015

Les actionnaires de Renault disent niet au pactole de Carlos Ghosn en 2015

Le vent tourne.... ; ))))

 

Ce vote de l'assemblée générale a été infirmé par le conseil d'administration.

C'est une première : réunis vendredi en assemblée générale, les actionnaires de Renault ont rejeté vendredi la rémunération de son PDG Carlos Ghosn au titre de l'année 2015 selon la pratique en vigueur du «say on pay». A 54,12%, ils ont émis un avis négatif sur les émoluments du PDG du constructeur qui se sont élevés l'an dernier à 7,251 millions d'euros, dont 1,737 million en numéraire, soit une hausse de 0,49% par rapport à 2014.

En 2013, cette rémunération n'atteignait «que» 2,7 millions d'euros. C'est la mise en place d'attributions d'actions de performance qui ont remplacé les stock-options à partir de cette époque, qui explique ce bond de la rémunération du patron de Renault depuis deux ans. Attribuées sous conditions de performance, elles se sont valorisées à 4,1 millions d'euros l'an dernier.  

Maintien pour 2015

Ce vote est consultatif mais il constitue un sérieux revers pour Carlos Ghosn désavoué par ses actionnaires. Aussitôt le résultat connu, le comité des rémunérations et le conseil d'administration se sont réunis hors la présence de Carlos Ghosn comme l'exige la loi. Ils ont annoncé avoir approuvé le maintien de la rémunération du PDG pour 2015, tout en engageant une mission sur les «évolutions utiles» pour les années à venir. Le conseil rappelle au passage la «qualité des résultats de l'année 2015, avec un chiffre d'affaires record de plus de 45 milliards d'euros, en hausse de 10,4% et une marge opérationnelle de 5,1% en avance de deux années sur les objectifs du plan "Renault 2016 Drive the change"»

L'Etat, qui contrôle 19,74% de Renault, a pesé lourd dans la décision. Mais il n'a pas pu utiliser son pouvoir de droits de vote doubles, puisque la résolution était soumise à titre ordinaire. Le président du cabinet de conseil en investissement Proxinvest, Pierre-Henri Leroy, lui-même actionnaire de Renault, avait interpellé un peu plus tôt Carlos Ghosn sur sa rémunération lors de la séance de questions/réponses de l'assemblée générale des actionnaires, lui reprochant notamment un manque de transparence.

Relations tendues

En réponse, Carlos Ghosn avait indiqué que ce n'était «pas lui» mais «le conseil d'administration, qui fixe la rémunération, elle-même préparée par le comité des rémunérations». «En tant qu'actionnaire vous donnez délégation […] au conseil d'administration, c'est lui qui juge non pas sur la base d'un caprice mais il juge si la façon dont le PDG est payé est conforme à ses efforts, à son talent, à la situation […] nous avons un processus très clair, transparent», a-t-il indiqué, ajoutant que «le plus important, c'est que Renault aille bien». En plus de sa rémunération chez Renault, Carlos Ghosn peut aussi compter sur ses revenus tirés de Nissan, dont il est également PDG et qui s'élevaient à plus de 8 millions d'euros pour 2014. Au total, le patron de Renault-Nissan aura empoché en 2015 une rémunération supérieure de 30% à celle de Dieter Zetsche (Daimler) et trois fois plus importante que celle de Matthias Müller, le nouveau patron de Volkswagen, numéro deux mondial du secteur.

Ce vote des actionnaires, immédiatement infirmé par le conseil d'administration, risque de tendre à nouveau les relations entre l'Etat et la direction du constructeur qui s'étaient opposés pendant des mois sur les droits de vote double mis en place par la loi afin de renforcer le pouvoir des actionnaires fidèles comme l'Etat. Au terme d'un long de bras de fer entre l'actionnaire public et Carlos Ghosn, un accord avait été trouvé afin de stabiliser l'alliance avec Nissan. L'Etat conservait ses droits de vote double chez Renault (28% pour 19,7% du capital) et donc sa minorité de blocage sur les décisions stratégiques en échange de quoi ils étaient plafonnés à 20% sur des décisions considérées comme relevant du management interne de l'entreprise, dont la rémunération. Un plafonnement ratifié à 73,26% vendredi par l'assemblée générale, ce qui ne l'a pas empêché de rejeter la rémunération du patron de Renault.

 

Source(s) : Libération.fr avec Afp

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