samedi 14 mai 2016

Barack Obama : En tant qu’ami, laissez-moi vous dire que l’Union européenne rend la Grande-Bretagne encore plus grande

Barack Obama : En tant qu'ami, laissez-moi vous dire que l'Union européenne rend la Grande-Bretagne encore plus grande

Source : The Telegraph, le 21/04/2016

BARACK OBAMA

PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS

Le 23 avril 2016

En 1939, le président Franklin D. Roosevelt a porté un toast au roi George VI à la Maison-Blanche. “Je suis convaincu que la plus grande contribution de nos deux pays à la civilisation et au bien-être des peuples à travers le monde,” a-t-il dit “est le modèle que nous avons mis en place conjointement par notre manière de conduire les relations entre nos deux nations.”

Près de 80 ans plus tard, le Royaume-Uni reste un ami et un allié des États-Unis comme aucun autre. Notre relation particulière a été forgée par le sang versé ensemble sur les champs de bataille. Elle a été consolidée pendant la construction et le renforcement d’une structure pour faire progresser la prospérité et la stabilité en Europe, ainsi que notre vision démocratique autour du globe. Ceux qui, des cendres de la guerre, sont venus vers nous, ont eu la clairvoyance de créer des institutions et des mesures internationales afin d’assurer une paix durable : Nations Unies, OTAN, Bretton Woods, plan Marshall, Union européenne. Leurs efforts assurent une base à la démocratie, au libre marché, à l’État de droit, en offrant à l’Europe plus de 70 ans de relative paix et prospérité.

Aujourd’hui, nous faisons face à des épreuves – telles que terrorisme et agression, migrations et turbulences économiques. Ces défis, nous ne pouvons les relever que si les États-Unis et la Grande-Bretagne peuvent compter l’un sur l’autre, sur notre relation particulière, et sur les partenariats qui nous permettent de progresser.

Pendant ma visite à Londres, le Premier ministre Cameron et moi-même allons traiter toute la gamme de ces défis. Nous devons être résolus et adapter nos efforts à la prévention des attaques terroristes contre nos peuples, et continuer à avancer pour faire reculer la menace posée par l’État Islamique jusqu’à sa destruction. Nous devons travailler à résoudre les conflits politiques au Moyen-Orient – au Yémen, en Syrie et en Libye – pour ouvrir la perspective d’une plus grande stabilité. Nous devons continuer à nous investir dans l’Otan – pour être en mesure de répondre à nos engagements de l’Afghanistan à la mer Egée, et rassurer nos alliés qui ont raison d’être inquiets de l’agression russe. Et nous devons continuer à promouvoir une croissance globale, pour que nos jeunes puissent parvenir à plus d’opportunités et de prospérité.

Je me rends compte qu’il y a eu une quantité d’hypothèses – et un peu de polémiques – au sujet de l’opportunité de ma visite. Et je le confesse : je désire vraiment souhaiter en personne un bon anniversaire à la reine.

Mais je sais aussi que la campagne en cours est très animée. Mon pays traverse aussi la même chose. Et finalement, la question de savoir si le Royaume-Uni reste dans l’Europe est une question que les citoyens britanniques doivent décider par eux-mêmes.

Ceci dit, quand le président Roosevelt a porté un toast à notre relation particulière cette nuit-là, il a aussi fait la remarque que nous étions des amis sans crainte les uns envers les autres. Je dirai donc, avec la franchise d’un ami, que votre décision est d’un grand intérêt pour les États-Unis. Les dizaines de milliers d’Américains qui reposent dans les cimetières européens sont un témoignage silencieux de la manière dont notre prospérité et notre sécurité sont véritablement entremêlées. Et le chemin que vous déciderez de prendre fera écho chez la génération actuelle d’Américains aussi.

Tandis que les citoyens du Royaume-Uni se penchent sur leur relation avec l’Union européenne, vous devriez être fiers que l’Union européenne ait aidé à la diffusion des valeurs et des pratiques de la Grande-Bretagne – la démocratie, l’État de droit, l’ouverture des marchés – à travers le continent et à sa périphérie. L’Union européenne ne modère pas l’influence britannique – elle l’amplifie. Une Europe forte n’est pas une menace pour le leadership mondial britannique ; elle l’améliore. Les États-Unis voient comment votre voix puissante en Europe assure à l’Europe sa position forte dans le monde et maintient son ouverture vers l’extérieur et étroitement liée à ses alliés de l’autre côté de l’Atlantique. Donc les États-Unis et le monde ont besoin de votre énorme influence pour poursuivre leur marche – y compris en Europe.

Dans ce monde compliqué et connecté, les défis auxquels fait face l’Union européenne – migration, inégalité économique, menaces de terrorisme et changement climatique – sont les mêmes auxquels font face les États-Unis et d’autres nations. Et dans le monde d’aujourd’hui, au moment où nous chérissons tous notre souveraineté, les nations qui exercent leur influence le plus efficacement sont celles qui le font par l’action collective qu’exigent les défis d’aujourd’hui.

Quand nous avons négocié l’accord historique pour empêcher de manière vérifiable l’Iran d’élaborer l’arme nucléaire, c’était une action collective, un travail collectif, avec les membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU et de l’Allemagne, qui a été mené à bien. Et le siège de l’Union européenne à la table des négociations a amplifié la voix du Royaume-Uni.

Quand l’accord climatique à Paris a eu besoin d’une impulsion, c’est l’Union européenne, épaulée par le Royaume-Uni, qui a en fin de compte aidé à rendre cet accord possible.

Lorsqu’il s’agit de créer des emplois, une croissance commerciale et économique conforme à nos valeurs, le Royaume-Uni bénéficie de son adhésion à l’Union européenne – à l’intérieur d’un marché unique qui fournit d’énormes opportunités aux Britanniques. Et le Partenariat Transatlantique Commercial et d’Investissement avec l’Union européenne fera avancer nos valeurs et nos intérêts, et établira les normes élevées pour les travailleurs dans les échanges et le commerce de l’économie du XXIe siècle.

Cette forme de coopération – du partage du renseignement et du contre-terrorisme à la construction d’accords pour la création d’emplois et la croissance économique – sera plus efficace si elle s’étend à travers l’Europe. C’est le moment à présent pour les amis et alliés de se serrer les coudes.

Ensemble, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont fait prendre le virage des siècles de guerre en Europe vers les décennies de paix, et ont marché d’un même pas pour rendre ce monde plus sûr et meilleur. Quel héritage remarquable ! Et quel héritage remarquable nous laisserons aussi lorsque, ensemble, nous relèverons les défis de ce jeune siècle.

Référendum sur l’Union européenne : soixante années de relations tendues

 

LA GRANDE-BRETAGNE A UNE RELATION ORAGEUSE AVEC L'EUROPE DEPUIS PLUS D'UN DEMI-SIÈCLE. ALAMY

LA GRANDE-BRETAGNE A UNE RELATION ORAGEUSE AVEC L’EUROPE DEPUIS PLUS D’UN DEMI-SIÈCLE. ALAMY

De la résistance à sa participation et des querelles sur sa contribution jusqu’aux différends sur la politique monétaire et ses menaces de départ, la Grande-Bretagne a eu un parcours difficile dans l’Union européenne

1957

Signature du Traité de Rome

La France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, les six membres fondateurs de la Communauté Économique Européenne, signent le Traité de Rome, mais la Grande-Bretagne se retire des premiers pourparlers.

1963

Veto français sur l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun

LE PRÉSIDENT FRANÇAIS CHARLES de GAULLE A MIS SON VETO À L'ENTRÉE BRITANNIQUE EN 1963

LE PRÉSIDENT FRANÇAIS CHARLES de GAULLE A MIS SON VETO À L’ENTRÉE BRITANNIQUE EN 1963

Avec son économie anémique, la Grande-Bretagne fait sa première tentative pour rejoindre le Marché commun, mais le président français Charles de Gaulle met son veto, accusant la Grande-Bretagne « d’une hostilité profonde » envers l’initiative européenne.

1973

La Grande-Bretagne rejoint la CEE

De Gaulle ayant quitté le gouvernement, la Grande-Bretagne est enfin autorisée à entrer dans la Communauté Économique Européenne, mais en moins d’une année appelle à une réforme majeure de la Politique agricole commune, tout comme au changement des méthodes de financement du budget.

1975

Référendum sur la CEE

HAROLD WILSON A TENU UN RÉFÉRENDUM À PROPOS DE L'ADHÉSION

HAROLD WILSON A TENU UN RÉFÉRENDUM À PROPOS DE L’ADHÉSION

Le gouvernement travailliste de Harold Wilson tient un référendum sur l’adhésion à la CEE, qui divise le parti, mais dont le résultat est que deux tiers des électeurs britanniques veulent y rester.

1983

Michael Foot est battu

Le dirigeant travailliste Michael Foot promet le retrait de la CEE dans son programme électoral, mais son parti est largement battu par les conservateurs de Margaret Thatcher.

1984

Thatcher obtient un rabais de Bruxelles

BAGARRE SUR LA CONTRIBUTION : THATCHER OBTIENT UN RABAIS SUR LES CONTRIBUTIONS

BAGARRE SUR LA CONTRIBUTION : THATCHER OBTIENT UN RABAIS SUR LES CONTRIBUTIONS

Une victoire significative pour Mme Thatcher qui arrache un “rabais” par Bruxelles, après avoir menacé d’interrompre toute contribution parce que la Grande-Bretagne bénéficiait de bien moins de subventions agricoles que d’autres membres, particulièrement la France.

1990

Le Royaume-Uni rejoint le Mécanisme de taux de change

Le Royaume-Uni rejoint le Mécanisme de taux de change, 11 ans après son application pour harmoniser les systèmes financiers avant la création de la monnaie unique.

1992

Mercredi noir

Lors de ce qui est connu comme le Mercredi noir, la Grande-Bretagne est forcée de se retirer du mécanisme de taux de change européen, après avoir échoué à endiguer la spéculation acharnée sur les devises.

1997

Monnaie unique européenne

La Grande-Bretagne a déclaré qu’elle ne rejoindrait pas la monnaie unique pour la durée de cette législature, après son échec aux cinq tests de Gordon Brown.

1999

Le conflit sur le bœuf anglais

LA RÉACTION DE LA FRANCE À LA « VACHE FOLLE » ANGLAISE FAIT ECLATER DES RAPPORTS TENDUS DEPUIS LONGTEMPS

LA RÉACTION DE LA FRANCE À LA « VACHE FOLLE » ANGLAISE FAIT ECLATER DES RAPPORTS TENDUS DEPUIS LONGTEMPS

La tension monte à propos du boycott par la France du bœuf anglais pendant l’éruption de la maladie de « la vache folle ». Bruxelles pose un ultimatum à la France, mais le boycott ne sera pas levé avant plusieurs années.

2007

Le Traité de Lisbonne

Gordon Brown manque la cérémonie télévisée des dirigeants signant le Traité de Lisbonne, ce qui donne de plus grands pouvoirs à Bruxelles. Les pourparlers sur ce traité controversé ont pris deux ans, après l’abandon des projets de constitution officielle.

2011

Affrontement sur la taxation des banques

David Cameron se heurte à l’Europe sur des projets d’imposition des banques et de restrictions du secteur financier de Londres. Le Premier ministre promet de rapatrier des pouvoirs de Bruxelles.

2013

Cameron s’engage à un référendum

David Cameron promet un référendum « maintien ou sortie » de l’Europe, s’il gagne les élections législatives de 2015, ce qu’il a fait, et réaffirme son engagement d’un référendum avant la fin de 2017.

Février 2016

L’accord de référendum sur l’Union européenne

DAVID CAMERON A NÉGOCIÉ UN NOUVEL ACCORD POUR LE ROYAUME-UNI ET LAISSERA MAINTENANT LA PAROLE AUX CITOYENS

DAVID CAMERON A NÉGOCIÉ UN NOUVEL ACCORD POUR LE ROYAUME-UNI ET LAISSERA MAINTENANT LA PAROLE AUX CITOYENS

Source : The Telegraph, le 21/04/2016

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