vendredi 27 mai 2016

Le gouvernement devra-t-il reculer sur la loi travail ?

Le gouvernement devra-t-il reculer sur la loi travail ?

Les manifestations et les grèves contre la loi travail se renforcent. Comment un gouvernement impopulaire pourrait-il continuer à défendre une loi tout aussi impopulaire et qui n'a absolument pas réussi à convaincre les Français ? Le recul peut sembler être la seule solution, à moins que…



Du thatchérisme honteux au thatchérisme assumé ?


La concentration du débat sur l'article 2 de la loi travail, qui instaure la supériorité des accords d'entreprise sur les accords collectifs, montre que beaucoup de Français ont bien saisi la faille introduite par la loi dans notre droit du travail, déjà portée par le rapport Combrexelles de la rentrée 2015. Aujourd'hui, il semble que la majorité devra forcément reculer devant la mobilisation et l'extension des grèves, dans les raffineries, les transports, ou à EDF. Avec l'Euro de football, le gouvernement peut-il se permettre de laisser se développer un conflit social de plus en plus dur ? Le roi de la synthèse ne va-t-il pas mettre de l'eau dans son vin pour acheter la paix ? Sauf qu'ainsi, il ne réduirait guère fracture avec la gauche et décevrait la minorité qui le soutient, tout en alimentant le procès sur son manque de caractère.

Dans un monde politique où seules les postures comptent, ne peut-on craindre que cela pousse au contraire le gouvernement à aller jusqu'au bout du conflit pour défendre cette mauvaise loi, assumant le passage d'un suivisme ultralibéral honteux à un suivisme ultralibéral de plus en plus assumé, qui se retrouve dans tout les discours de dénonciation des grévistes, qui ressemblent à s'y méprendre à celui d'une majorité de droite en pleine grêve… Le président n'a rien à gagner à céder aujourd'hui. Il a déjà exaspéré son aile gauche qui ne votera pour lui qu'au second tour face à plus à droite que lui, sans enthousiasme, et sans doute seulement partiellement. Céder ne lui permettrait pas de reconquérir un électorat auprès duquel il a trop de casseroles. Et il risquerait de perdre ceux qui apprécident cette loi et Macron.

Voilà pourquoi, même si cette loi est mauvaise, un nouveau terrain cédé à des entreprises déjà gagnantes sur presque tous les terrains, on peut craindre que le gouvernement s'y accroche car c'est la seule posture encore jouable pour 2017. Après tout, un Hollande résolu qui affronte les manifestations et les grêves et fait passer la loi par le 49-3 écrit une histoire potentiellement plus forte que s'il reculait. Il montrerait une force qui ne lui est pas associée naturellement et couperait un peu l'herbe sous le pied des Républicains, en les poussant plus encore à droite pour se différencier de lui. Bien sûr, il libèrerait de l'espace à Mélenchon, mais ne rétrécirait-il pas l'espace des Républicains, entre un Hollande quasi-thatchérien et le FN, au point de se retrouver un espace suffisant pour se qualifier au second tour ?

Bien sûr, ces calculs peuvent sembler totalement fou étant donnés l'impopularité de Hollande et les couacs de sa majorité. Néanmoins, ne peut-on pas craindre que sa stratégie de communication ne le pousse à se raidir sur la loi travail pour défendre ses chances pour l'an prochain. 

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