samedi 21 mai 2016

L’intéressant débat présidentiel étasunien

L'intéressant débat présidentiel étasunien

Bien sûr, la démocratie étasunienne est malade, de l'argent, des lobbys ou des pratiques de redessinage des circonscriptions. Néanmoins, il faut bien constater que depuis la grande crise, le débat idéologique est de plus en plus riche, à un point où notre débat paraît bien pauvre et étroit.



Entre débat ouvert et progrès progressistes

En effet, quand outre-Atlantique les électeurs votent pour augmenter le salaire minimum de 50% dans un Etat, notre vieille Europe ne connaît que le blocage ou la baisse. Quand deux des principaux candidats aux primaires vantent un protectionnisme assumé, les partisans de ces idées restent dans les marges. Et enfin, quand la politique monétaire a été totalement sortie du cadre démocratique, au point de refuser d'en parler, aux Etats-Unis, les candidats s'emparent du sujet, Donald Trump ayant annoncé qu'il ne renouvellerait pas la présidente actuelle et Hillary Clinton ayant déclaré, sans doute opportunément, qu'il fallait réduire la place des banquiers dans les institutions monétaires. Bien sûr, pour l'instant, cela reste essentiellement des mots, de campagne qui plus est, ce qui peut les faire relativiser.

Néanmoins, il est déjà positif de constater que dans ce pays, les candidats et les électeurs débattent d'une manière beaucoup plus ouverte. Car outre le fait d'évoquer des idées largement ostracisées chez nous, il faut noter que le débat politique étasunien semble beaucoup plus ouvert, et qu'une plus grande diversité d'opinion semble pouvoir s'exprimer. C'est un pays où certains candidats aux primaires peuvent soutenir une flat tax extraordinairement avantageuse pour les plus riches et refuser la hausse du salaire minimum quand d'autres proposent (et font voter) sa forte hausse ainsi que des impôts plus progressifs. Certains se font les avocats du libre-échange quand d'autres parlent d'imposer des droits de douanes de 45% pour les produits qui viennent de Chine. Un grand écart rafraichissant.

En comparaison, le débat dans notre pays, et dans la majorité des pays européens, apparaît totalement calcifié, réduit à des nuances d'une même politique, pour les partis qui ont une chance d'arriver au pouvoir. Bien sûr, nous vivons en démocratie, nous sommes libres de voter pour l'opposition. Mais nos sociétés sont arrivées à un moment où la grande majorité du corps social, jusqu'aux citoyens eux-même, dont tellement se mettent des oeillères démocratiques, limitant le plus souvent inconsciemment le champ du débat, malgré de nombreuses évidences qu'il est parfaitement possible de mener d'autres politiques. Les Etats-Unis étaient dans cette position il y a quelques années, mals la grande crise récente et tous les excès du système actuel sembler avoir fini par faire voler en éclat tous les préjugés.


D'où sans doute le succès de Donald Trump, malgré ses provocations et certaines propositions décalées, mais aussi celui de Bernie Sanders, qui prolonge le débat côté démocrate avec une victoire dans l'Oregon. Mieux, aux Etats-Unis, un candidat original semble pouvoir accéder au pouvoir. Chez nous, le débat semble au contraire se restreindre entre des nuances de plus en plus étroites d'ultralibéralisme.

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