mercredi 25 mai 2016

Raffineries, SNCF, RATP, Air France, EDF : les foyers de grèves se multiplient...

Raffineries, SNCF, RATP, Air France, EDF : les foyers de grèves se multiplient...

De la CGT au syndicat des pilotes de ligne, les mouvements contre la loi Travail s'amplifient et touchent désormais les centrales nucléaires. Ce mercredi et jeudi, les transports ferroviaires et aériens seront perturbés. À partir du 1er juin, les cheminots débrayeront tous les jours. 

• Situation de plus en plus délicate sur le front des carburants

La situation se tend chaque jour un peu plus dans les raffineries françaises. Depuis le début de la semaine, six installations sur huit sont à l'arrêt ou tournent au ralenti. Les conséquences sur l'approvisionnement en carburants ne cessent de s'aggraver : plus de 20% des stations-service de l'Hexagone sont désormais en rupture de stock totale ou proches de l'être, malgré les efforts des opérateurs pour acheminer des camions-citernes supplémentaires.

Face à ce mouvement, le gouvernement se veut extrêmement ferme: mardi à l'aube, il a fallu une intervention policière musclée pour dégager les accès - bloqués par des militants cégétistes - de la raffinerie et du dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Mardi après-midi à l'Assemblée nationale, lors de la séance de questions au gouvernement, Alain Vidalies, le secrétaire d'État aux Transports, a indiqué que tous les dépôts pétroliers sur le territoire seraient «libérés».

En attendant, pour les industriels du secteur, l'impact économique de la grève est sévère. Selon plusieurs estimations, l'arrêt de ses installations coûte à Total entre 40 et 45 millions d'euros par semaine. La compagnie exploite cinq des huit raffineries implantées en France. «Pour toute la chaîne d'entreprises liée à la distribution de carburants, les négociations avec les syndicats sont rendues d'autant plus difficiles que les motifs du mouvement ne les concernent pas directement», souligne un spécialiste du secteur. Certains acteurs commencent déjà à anticiper une grève de longue durée, étant entendu qu'une raffinerie qui s'arrête complètement met ensuite plusieurs semaines avant de redémarrer. En revanche, si ce sont uniquement les systèmes thermiques qui sont interrompus, la reprise des activités peut être plus rapide. D'autres observateurs évoquent pour leur part le spectre des mouvements de 2010 qui avaient pénalisé les livraisons de produits pétroliers à destination des aéroports. «Si on en arrive à ce stade, un cap majeur dans la difficulté aura été franchi», lâche un distributeur.

• Menace sur la production d'électricité dans les centrales nucléaires

«C'est le moment d'accentuer la mobilisation.» La CGT-Energie a appelé, ce mardi, à un mouvement d'action, notamment dans ses centrales nucléaires, «le plus fort possible», jeudi, contre la loi travail et la dégradation de la filière. «Des coupures électriques ont déjà eu lieu aujourd'hui (mardi) dans plusieurs quartiers de Nantes ainsi que dans le plus grand centre commercial d'Europe à Marseille, mais les baisses de charge pourraient être plus importantes jeudi», a déclaré la porte-parole de la fédération nationale mines-énergie (FNME-CGT), Marie-Claire Cailletaud. Interrogé par l'AFP, un porte-parole d'EDF a déclaré qu'il était «difficile» de prévoir les conséquences sur la production électrique. Lors d'assemblées générales organisées ces derniers jours dans plusieurs sites, «de jeunes salariés ont fait part de leur volonté d'intervenir sur leur outil de travail», selon Laurent Heredia, membre de la direction fédérale de la FNME-CGT. «On sent clairement que le mouvement de contestation monte», a-t-il assuré. Le syndicat souhaite «le retrait de la loi travail» mais entend également réitérer ses inquiétudes quant à l'avenir de la branche énergétique.

• À la SNCF, une grève unitaire se prépare

La CGT poursuit, ce mercredi, la série de grèves «rectangulaires», c'est-à-dire par groupe de deux jours le mercredi et le jeudi, lancée début mai. La SNCF prévoit, pour les deux jours qui viennent, un trafic «perturbé» mais «moins que la semaine dernière». Les prévisions de trafic annoncent que 3 TGV sur 4 rouleront, tout comme 2 Transilien sur 3, 6 Intercités sur 10, 2 TER sur 3 et 4 RER sur 5.

À partir de juin, les cheminots passeront à la vitesse supérieure et débrayeront tous les jours. La CGT, premier syndicat à la SNCF, rejoint ainsi SUD-rail qui a d'emblée opté pour un mouvement reconductible. Surtout les deux syndicats «réformateurs», l'Unsa et la CFDT, pourraient emboîter le pas à la CGT en votant également la grève reconductible à partir du 1er juin. Tous refusent de signer l'accord destiné à donner naissance à une convention collective du secteur ferroviaire. À la RATP, la CGT appelle à son tour à une grève illimitée à partir du 2 juin pour protester contre la loi travail et réclamer l'ouverture de négociations salariales.

• De sérieuses turbulences dans les transports aériens

Dans les airs, des sévères turbulences se préparent. Une première secousse aura lieu dès jeudi contre la loi travail à la Direction de l'aviation civile (DGAC) qui règule notamment le contrôle aérien. L'Usac-CGT, premier syndicat à la DGAC, a appelé ce jeudi à une journée de débrayage, ce qui va réduire de 15 % le plan de vol des compagnies aériennes à Orly et causer des retards dans toute la France. Mais le pire est à venir. Tous les syndicats de l'aviation civile appellent à la grève du 3 au 5 juin. Leur motif ? La baisse des effectifs et le manque de négociation sur leur cadre social.

Chez Air France où le climat social a semblé calme, une nouvelle crise pourrait être déclenchée dès le 1er juin. Le principal syndicat de pilotes de la compagnie, le SNPL, consulte ses adhérents par voie de référendum pour savoir si une majorité est prête à s'engager dans une grève de plus de six jours. Lors de l'assemblée générale des actionnaires d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac, le PDG démissionnaire du groupe, avait déclaré au sujet de cette éventualité: «Une grève à cette période de l'année, de cette ampleur, alors que le groupe sort la tête de l'eau, serait le plus mauvais coup qui soit porté à ce redressement. Ce serait vraiment un acte que je qualifierais presque de sabotage des immenses sacrifices et efforts qui ont été faits par tout le monde et qui produisent leurs effets.»

Source : Le Figaro.fr

 

Informations complémentaires :

 

 

Aucun commentaire: