mardi 28 juin 2016

L’Institut Thomas More croit encore aux eurobonds… (billet invité)

L'Institut Thomas More croit encore aux eurobonds… (billet invité)

Billet invité de l'œil de Brutus

Par la plume de Sébastien Laye et dans les colonnes du Figarovox, l'Institut Thomas More semble avoir trouvé la solution miracle à la crise des dettes souveraines européennes. Lisons un peu :


« L'urgence nous dicte donc de créer un fonds abondé par les Etats capables d'acheter et d'éliminer les dettes souveraines en un effort sans précèdent pour sortir le continent de l'ornière. Loin de nous l'idée de proposer une solution miracle sans effort. Ce fonds est simplement un moyen - sans réforme politique- de transformer une partie de la dette souveraine domestique en une dette commune gagée par les capacités de rentrées fiscales des Etats européens: il s'agit bien de manière indirecte de mutualiser une partie des dettes domestiques européennes pour redonner des marges de manœuvre à chaque Etat sans passer par un hypothétique accord politique pour créer un budget et une dette commune. »

Or, ce type de fonds a déjà été mis en place (MES, FESF, etc.) et poussé ce système plus avant tel qu'il est ici proposé a un nom : cela s'appelle les eurobonds[i]. Et Mme Merkel a déjà donné sa réponse il y a 5 ans : NEIN ! (rajoutant même « jamais de mon vivant ! »). Car cela conduirait l'Allemagne à se porter caution de la dette de tous les autres. Ce qu'elle ne veut en aucun cas car c'est un coût politique et économique qu'elle n'est certainement pas en mesure d'assumer (et on peut la comprendre ![ii]).

La solution proposée par M. Laye est donc tout simplement politiquement inenvisageable.
Rajoutons, ce qui se passe de commentaires, que dans le même article, le même M. Laye propose, pour aider les banques de s'extraire de leur lien de dépendance à la BCE, de les encourager à la titrisation et aux divers produits dérivés … Les subprimes, ça ne vous dit rien M. Laye ? Forcément oui puisque M. Laye est entrepreneur dans une holding de services financiers (Ulcoa & Laye), holding qui profiterait grandement d'une relance de la titrisation. Etrangement, M. Laye se présente dans son article du Figarovox comme chercheur et entrepreneur mais omet de préciser son secteur d'activité (ce qu'il ne fait pas lorsqu'il publie sur Contrepoints) …

Les européistes seraient-ils à ce point aux abois que pour sauver l'euro, ils en arrivent à ressortir de vieilles recettes éculées qui ont déjà fait la preuve de leurs échecs il y a 5 ans (les eurobonds) ou 10 ans (la titrisation, les produits dérivés) ?


[i] Au demeurant, cette idée est finalement relativement proche de celle défendue par les tenants du « QE vert ».
[ii]L'Europe, l'Euro et l'Allemagne, Jacques Sapir, russeurope, 30-juin-15 ;
L'Allemagne entre deux maux, Jacques Sapir, russeurope, 29-janv.-15 ;
Le débat sur l'Allemagne, Jacques Sapir, russeurope, 04-mai-13.
[viii] La fausse solution des eurobonds, Frédéric Lordon, Blog Le Monde diplomatique, 01-juin-12 ;
Réquisitionnons les banques centrales !, Jacques Sapir, Le Monde, 01-déc.-11.

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