vendredi 8 juillet 2016

Ecosse : lâcher la Grande-Bretagne pour l’ombre européenne ?

Ecosse : lâcher la Grande-Bretagne pour l'ombre européenne ?

Il y a moins de deux ans, les Ecossais avaient voté par référendum pour décider s'ils quittaient le Royaume-Uni. Avec le référendum d'il y a quinze jours, les euroayatolahs se réjouissent volontiers de la perspective d'un nouveau référendum, ne se rendant même pas compte de la contradiction qu'il y a à critiquer le vote du 23 juin et à souhaiter un nouveau vote en Ecosse. Un vote qui serait à courte vue.



La citoyenneté bien de consommation ?

Bien sûr, les mouvements indépendantistes de notre continent reposent souvent sur de profondes raisons historiques et culturelles. Mais il est difficile de ne pas y voir également l'effet d'une époque, qui valorise un peu trop les particularismes et le communautarisme, ainsi qu'un bougisme consumériste et égoïste qui peut faire penser que l'on peut changer de nationalité du jour au lendemain, et oublier des siècles d'histoire commune. Certains Ecossais semblent envisager de profiter du vote du référendum du 23 juin pour tenter une nouvelle fois de quitter la Grande-Bretagne, dans le but de ne pas quitter l'Union Européenne et ainsi refuser le sort décidé il y a quelques jours. Mais le calcul que semble vouloir faire Nicola Sturgeon, l'actuelle première ministre Ecossaise est doublement perdant.

En effet, ceux qui pensent que l'Ecosse pourrait remplacer la Grande-Bretagne comme la nouvelle place financière européenne vont un peu vite en besogne. Car pour cela, il faudrait d'abord que l'Ecosse puisse rejoindre l'Union Européenne, ce qui est tout sauf gagné. En effet, comme cela est aussi l'objectif des autres indépendantistes européens, cela représente un argument de poids pour que les gouvernements menacés par ce séparatisme refusent l'entrée d'autres séparatistes dans l'UE. C'est ainsi que Madrid a déjà annoncé qu'elle s'opposerait à l'intégration de l'Ecosse dans l'UE. Bref, en quittant le Royaume-Uni, l'Ecosse prendrait un aller simple pour l'indépendance, sans billet retour complémentaire pour l'UE. Mais cela, les euroayatollahs préfèrent fermer les yeux dessus.

Outre le fait qu'il est hautement improbable que les pays de l'UE acceptent ne serait-ce que de négocier avec l'Ecosse, ne serait-ce pas un pari un peu fou, de la part d'Edinbourg, que de quitter une union datant de plusieurs siècles, directement constitutive de ce qui fait que les Ecossais sont des Ecossais ? En effet, même si son unité est aujourd'hui menacée, la Grande-Bretagne existera sans doute encore longtemps, même rétrécie, alors qu'il est assez illusoire de faire un pari de longue durée sur cette UE dont les fissures sont chaque jour plus profondes. Quelle ironie de vouloir quitter une union qui a traversé le temps, pour un machin qui n'a que quelques décennies et dont la crise de la cinquantaine semble bien annonciatrice d'une espérance de vie assez limitée, au plus quelques décennies.


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