samedi 27 août 2016

Forte hausse des dividendes : merci patrons !

Forte hausse des dividendes : merci patrons !

Tout va bien

Source : Le Nouvel Obs, Sophie Fay, 24-08-2016

Des traders à la bourse de Londres, le 18 février 2016. (LEON NEAL / AFP)

Des traders à la bourse de Londres, le 18 février 2016. (LEON NEAL / AFP)

La hausse des dividendes versés par les grandes entreprises, saluée par la société d'investissement Hendersen Global Investors, est une aubaine pour les actionnaires. Mais elle ne reflète pas du tout l'état réel de l'économie française, qui tourne à deux vitesses.

Merci patrons ! Les actionnaires des plus grandes entreprises françaises cotées en Bourse se frottent les mains : en 2016, ils ont reçu beaucoup plus de dividendes que l'année précédente. Au deuxième trimestre de l'année, celui où sont concentrés les versements, la France arrive à la troisième place mondiale en termes de rapidité de croissance dans la rémunération des investisseurs. + 11,2% (soit au total 40 milliards de dollars alors que les taux d'intérêt ne font que baisser et que l'inflation est au plancher…) Les heureux bénéficiaires de ces versements savent se montrer reconnaissants : la société britannique de gestion de fonds d'investissement Henderson Global Investors a souligné l'exploit des managers français et la bienveillance des conseils d'administration dans une étude très détaillée publiée cette semaine. Belle preuve de gratitude !

A qui doit-on cette hausse des dividendes ? D'abord aux banques : la Société générale, BNP Paribas et Crédit agricole ont augmenté leurs distribution des 50 à 70%. Elles ont distribué plus de 7 milliards d'euros à leurs actionnaires. Renault, LVMH, ou Safran (aéronautique et sécurité) figurent aussi parmi les champions. Le groupe pharmaceutique Sanofi figure même en deuxième position au classement des cinq plus gros payeurs de dividendes au deuxième trimestre. Neuf entreprises sur dix ont vu augmenter le revenu par action distribué aux actionnaires. C'est seulement quatre sur cinq dans le reste de l'Europe (hors Royaume-Uni) et la croissance est plus mesurée (+4,1%), effondrement du dividende de Volkswagen et de Deutsche Bank oblige.

Voici les 5 plus gros payeurs de dividendes au deuxième trimestre 2016 :

1 – Nestlé

2 – Sanofi

3 – HSBC

4 – Daimler

5 – Allianz

“Ça va mieux !”, peuvent donc se réjouir tous les propriétaires de portefeuilles d'actions. Le club chaque année plus large des millionnaires doit encore se frotter les mains : bonne année pour lui, la galette va encore grossir. Mais est-ce vraiment un bon signal pour l'économie française ? Pas forcément ! Pour 4 raisons.

1 Des actionnaires du CAC 40 à 45% étrangers

Si l'on regarde l'actionnariat du CAC 40, il est à 45 % étranger. 45% de ces dividendes s'envolent donc dans les coffres américains, norvégiens, moyen-orientaux ou chinois… Grave ? “Les dividendes de L'Oréal, de Danone, de LVMH partent peut-être à l'étranger, modère Romain Burnand, fondateur de la société de gestion Moneta Asset Management, mais il ne faut pas oublier que cet argent a été largement gagné aussi hors de nos frontières. Danone ne réalise que 10% de son chiffre d'affaires en France”. Dont acte.

2 De l’argent qui n’est pas directement réinvesti

Ces dividendes distribués aux actionnaires, c'est autant d'argent qui n'est pas directement réinvesti pour ouvrir de nouvelles usines, boutiques, centres de recherche ou développer l'activité en France. On l'a vu dans les statistiques de l'Insee : la reprise de l'investissement, vigoureuse au premier trimestre de 2016, s'est arrêtée nette au deuxième trimestre. Là encore, Romain Burnand, de Moneta Asset Management, introduit un modulo : “Les dividendes que Moneta perçoit restent dans le fonds et sont réinvestis dans d'autres actions, d'autres entreprises, cela participe à la fluidité des capitaux. Même Bernard Arnault réinvestit les capitaux que ses holdings perçoivent. C'est même une preuve d'humilité de verser des dividendes ou de racheter des actions si l'on pense que d'autres investisseurs peuvent mieux utiliser cet argent”.

3 Une économie à deux vitesses

 

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