lundi 3 octobre 2016

La victoire, temporaire, mais pas moins réelle, des identitaires sur les progressistes

La victoire, temporaire, mais pas moins réelle, des identitaires sur les progressistes




Raisons structurelles et conjoncturelles

Il faut bien reconnaître que les évènements des derniers mois, entre la crise des migrants, et la volonté de quelques pays et de l'UE, d'imposer l'accueil de milliers de migrants, de culture majoritairement arabe, alors même que le terrorisme islamiste décime nos pays, logiquement et légitimement, ont poussé le débat public vers les sujets d'identité, de sécurité et d'immigration. Il est tout de même légitime que les peuples de nos pays se posent des questions sur l'opportunité, ou non, d'accueillir des migrants, au regard des origines des terroristes qui ont opéré chez nous. En outre, la revendication toujours plus affirmée de pratiques qui ne sont pas celles de nos pays européens (traitement des femmes, et notamment port de la burka, du burkini ou du voile), amène les citoyens à débattre de cela.

Même la très populaire Angela Merkel va devoir reconsidérer sa politique si elle veut garder une chance de l'emporter aux prochaines élections, dans un pays qui débat aujourd'hui de l'opportunité de suivre l'exemple de la France, et interdire également le port de la burka. Assez logiquement, du fait aussi d'une trop grande uniformité de l'opinion des élites médiatiques, en décalage avec l'opinion du peuple, le débat se tend d'une manière assez vive et dans la durée, créant un buzz propice à submerger les médias. Mais bizarrement, le biais ultralibéral des média ne semble plus créer de résistance des citoyens en matière économique, comme si la bataille idéologique avait été gagnée par les ultralibéraux. On peut y voir d'autres raisons que le biais médiatique ou la focalisation du débat sur d'autres sujets.

D'abord, l'incarnation de l'alternative en Marine Le Pen n'aide pas, tant elle peine sur ces sujets, qu'elle est loin de maîtriser, et les excès de son parti (Menard disant qu'être français, c'est être « blanc et catholique ») disqualifient les idées qu'ils touchent. Ensuite, il faut bien reconnaître que la situation internationale n'est pas très porteuse, si ce n'est dans le monde anglo-saxon avec Sanders et Corbyn. La Grèce de Tsipras préfère se plier aux diktats eurolibéraux plutôt que de quitter l'euro. Plus encore, bien des pays cités en exemple par les alternatifs vont moins bien aujourd'hui : Brésil, Vénézuela, Russie ou Argentine, alors même que certains refusaient de voir les limites des politiques de ces pays, apparentes bien avant leur crise actuelle, d'un point de vue économique, mais également démocratique.

Enfin, on peut largement se demander si les identitaires sont des progressistes sincères et de convictions et si leur flirt récent avec le progressisme social n'était pas purement et simplement tactique, pour attirer cette partie de l'électorat populaire abandonné par les gauches. Après tout, le virage du FN avant la présidentielle de 2012 succédait à près de quatre décennies de discours ultralibéral et l'effacement de ses sujets dans le débat public semble avoir amoindri l'intérêt des Le Pen pour ces sujets. Sur son blog, David Desgouilles a récemment remis à sa place Eric Zemmour après la parution de son livre, car il semble oublier la question fondamentale de la souveraineté, alors qu'il verse dans un identitarisme de plus en plus dur. Finalement, il y a bien, sans doute, deux familles dans le souverainisme.


Pour qui ne s'arrête pas à l'écume de l'actualité et des commentaires à l'emporte-pièce, cela ne disqualifie pas le retour aux monnaies nationales, le protectionnisme ou la reprise de contrôle de la monnaie, mais il est beaucoup plus difficile de ranimer ces débats dans une époque, où, pas illégitimement, ce sont les questions de société et d'identité qui domine le débat public.

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