vendredi 7 octobre 2016

Les nouvelles fractures politiques

Les nouvelles fractures politiques




Jungle-dortoir collectif ou maisons familiales ?

Bien sûr, un ultralibéral comme The Economistprésente les termes de l'alternative comme un débat entre les partisans de l'ouverture et ceux de la fermeture. D'un côté, les méchants qui veulent construire des murs (Trump, Le Pen, Sanders, Farage ou Orban), qui rendraient le monde « plus pauvre et plus dangereux » et, de l'autre, les gentils, qui laissent passer les hommes, les biens et les capitaux. Le journal doit admettre que le terrorisme pousse logiquement les citoyens à questionner le laisser-passer. Il faut dire que la poussée des opposants à la disparition des frontières se constate partout. Outre-Atlantique, cela fait partie des éléments fondateurs du succès de Donald Trump et de Bernie Sanders, qui tenait aussi un discours protectionniste, au point que Paul Krugman y voyait « un moment protectionniste ».


Mais finalement, ce clivage sur le laisser-passer traverse également les clivages traditionnels. En effet, d'un côté, les partis dits de centre-gauche achèvent leur mue libérale, et défendent l'abaissement des frontières, toutes les frontières. Une gauche plus radicale, un tant incarnée par Syriza et Podemos, aujourd'hui par un Bernie Sanders ou Jérémy Corbyn, se fait bien plus critique de la mondialisation. Mais si elle commence à remettre en cause le laisser-passer économique, elle bute sur le laisser-passer des personnes, affichant une compassion parfois sans limite pour les migrants, et elle peut, comme en Grèce, sacrifier le progrès social sur l'autel de l'internationalisme. La droite se scinde également en deux, entre libéraux classiques et ceux que les média bien-pensant appellent volontiers des populistes.

Mais au bout du compte, malgré la belle victoire du Brexit, qui pourrait amorcer la fin du monstre européen, comment ne pas voir que, pour l'instant, ce nouveau clivage ne porte pas ses fruits. Il n'y a qu'en Grèce que les alternatifs ont gagné, avant de capituler en rase campagne. Ailleurs, ces nouvelles fractures, même si elles permettent l'émergence de nouvelles forces, permettent pour l'instant aux partis qui ont échoué depuis si longtemps, de se maintenir. En France, la PME Le Pen est l'assurance-vie du PS et de LR depuis plus de trois décennies, comme l'ont démontré de manière éclatante les élections régionales. En Italie, cela n'a pas empêché Matteo Renzi d'aller toujours plus loin dans le reniement du progrès social. En Espagne, Podemos ne semble pas avoir réussi à renverser le duopole PPSOE.


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