mardi 18 octobre 2016

“Si l’on cesse d’armer les rebelles, nous aurons la paix demain en Syrie”

"Si l'on cesse d'armer les rebelles, nous aurons la paix demain en Syrie"

Source : Philippe Revaz, pour RTS, le 12 octobre 2016.

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Il faut cesser d’armer les rebelles syriens et traiter avec Bachar al-Assad. C’est l’appel lancé mardi sur La Première par l’ex-otage Theo Padnos, retenu deux ans en Syrie par le Front al-Nosra.

Près de deux ans après sa libération, Theo Padnos reste en contact permanent avec ses anciens geôliers en Syrie, notamment via internet (lire encadré). Une relation presque intime à distance, qu’il partage aussi avec le FBI.

Depuis New York, où il s’est confié à la RTS, le journaliste exprime son incompréhension face aux Occidentaux qui envoient des armes à des combattants supposés modérés. “Au moment où ces armes arrivent en Syrie, soit celui qui les reçoit n’est pas vraiment modéré, soit il envoie ces armes à son cousin, qui est un extrémiste. Cela encourage la violence”, explique-t-il.

Pour Theo Padnos il existe peut-être des combattants modérés en Syrie. Encore faut-il les trouver. “Après cinq ans de bombardements, peut-on encore être modéré lorsqu’on a vu sa famille tuée sous les bombes?”, s’interroge l’ex-otage. Selon lui, ce sont les conditions de la guerre qui créent l’extrémisme.

“Le but des rebelles est le djihad éternel”

La solution, pour Theo Padnos, est de coopérer avec le régime syrien, afin de tenter de modérer ses hommes. “Avec eux, on peut discuter, alors qu’avec les djihadistes, c’est impossible”, soutient celui qui devait négocier pour aller aux toilettes.

“Je sais comment les négociations se passent avec eux. Il ne s’intéressent qu’aux armes. Leur but est le djihad éternel. Ils aimeraient que le combat continue jusqu’à ce qu’ils arrivent à Jérusalem ou à Rome. Tandis que le but de Bachar al-Assad est de rester au pouvoir et d’avoir la paix. Même s’il opprime les gens, cela fait une grande différence”, précise-t-il.

Certains rebelles ont été éduqués en Europe et parlent comme de vrais démocrates. Mais sur le terrain, avec nos armes, ils ne vont pas se comporter de façon démocratique.
Theo Padnos, journaliste américain et ex-otage en Syrie.

Un régime sans pitié

Comment soutenir le régime syrien aujourd’hui, alors qu’Alep est bombardée et sa population civile matraquée? L’ex-otage reconnaît que le régime est sans pitié. “Ils aimeraient faire sortir les civils et bombarder ceux qui restent, mais beaucoup refusent de quitter leur maison et ceux qui meurent sont les plus vulnérables: les femmes et les enfants”.

Pour Theo Padnos, il suffirait de cesser de soutenir les rebelles pour que tout s’arrête. “Si Obama, Merkel et Hollande pouvaient convaincre les pays du Golfe d’arrêter d’envoyer des armes aux rebelles, on aura la paix demain en Syrie.”

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