dimanche 26 mars 2017

Euro : l’œuvre de salut public de Jacques Sapir

Euro : l'œuvre de salut public de Jacques Sapir




Sortir est raisonnable, rester déraisonnable

C'est l'immense paradoxe du débat sur la monnaie unique. Plus le temps passe, plus les économistes, de droite comme de gauche se prononcent contre cette folie monétaire (on pointe au moins 10 « prix Nobel d'économie » critiques), mais le débat reste paralysé, pour bien des raisons. En premier lieu, l'incarnation de cette position par une Marine Le Pen volage et pas sérieuse, qui multiplie les scénarios alambiqués et peu crédibles, tout en étant incapable de répondre aux objections, accréditant les idées des euro-béats et bétas. Car quand le FN ne sait pas répondre à ceux qui évoquent une baisse du pouvoir d'achat ou une envolée de la dette, comment espérer que nos idées progressent ?

J'essaie depuis des années de combattre les arguments fallacieux des euro-ayatollahs (vous trouverez ici un papier de synthèse de 2013 qui comprend aussi une longue vidéo) mais Jacques Sapir est sans doute l'intellectuel français qui a le plus travaillé sur la question. Il vient de proposer sur son blog un papier de synthèse comprenant des liens vers des papiers thématiques qui permettent de démonter un à un tous les arguments à courte vue des adorateurs du veau d'or européen. Ce papier est absolument remarquable et représente le meilleur effort de synthèse complet, pédagogique, et facilement compréhensible, y compris par des profanes. Toutes les objections y sont traitées ici.

Le premier argument de ceux qui cherchent à faire peur, c'est qu'une sortie de la monnaie unique provoquerait une envolée de la dette. Cela est complètement faux. 97% de notre dette étant émise en droit français, le droit international, à travers la Lex Monetae, stipule que pour cette dette, le changement de monnaie officielle provoque une conversion automatique, contrairement aux allégations mensongères de l'institut Montaigne. Un règlement européen de 1997 l'avait bien mentionné à la veille du passage à la monnaie unique. Comme l'écrit Jacques Sapir, « si le gouvernement français décide de repasser au franc avec un taux de conversion de 1 euro pour 1 franc, il en a le droit pour l'ensemble des instruments juridiques et des contrats émis dans l'ordre juridique français ».

Et à ceux qui pronostiquent une envolée des taux d'intérêts, Sapir rappelle que la présence dans l'euro ne l'empêche déjà pas, et que la position de la France nous protège, d'autant plus qu'il serait toujours possible de jouer sur les règles prudentielles. On peut aussi ajouter que la Banque de France pourrait alors racheter de la dette, comme le fait la Banque du Japon. Enfin, les euro-ayatollahs évoquent une baisse du pouvoir d'achat. D'abord, on peut leur opposer que la baisse de 20% de l'euro n'a pas provoqué cela. Ensuite, il faut noter que les importations ne pèsent que 25% du PIB, et mieux encore que si le franc se déprécierait face au mark, il s'apprécierait face aux monnaies du Sud de l'Europe et qu'au global, cela s'équilibrerait, ce qui est confirmé par toutes les études, comme celle du CEPII.


Je vous invite donc à lire et partager ce papier remarquable de pédagogie de Jacques Sapir. Certes, nous avons perdu la seconde bataille de l'opinion sur l'euro, et il semble difficile de redresser la situation d'ici les élections présidentielles. Mais sur le fond, nous avons raison. Le château de carte monétaire européen finira par s'effondrer. A nous de poursuivre le combat pour le quitter avant.

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