vendredi 28 avril 2017

Marine Le Pen, moitié Tsipras, moitié Mitterrand ?

Marine Le Pen, moitié Tsipras, moitié Mitterrand ?

Si elle a probablement fait un beau coup chez Whirlpool, en revanche, son passage sur TF1 pendant une heure et demie a aussi largement confirmé ses limites. S'inspirant sans doute de Donald Trump, elle a multiplié les déclarations exagérées et erronées, en oubliant souvent de répondre aux questions qui lui étaient posées, se contentant de paraphraser ses discours.



Une alternative en carton pâte ?

Dans cette Union Européenne, la détermination et une bonne préparation sont nécessaires pour changer les choses, comme le montre Alexis Tsipras, qui, après avoir été élu en promettant de mettre fin à l'austérité et à la tutuelle du pays, a fini par mener la même politique que ses prédécesseurs, rajoutant plan d'austérité sur plan d'austérité, et acceptant les diverses humiliations de ses créanciers. Et il y a un précédent en France, en 1983, avec le tournant de la rigueur, qui avait vu Mitterrand mettre en place un retournement complet de politique, passant d'une expérience de gauche radicale alliée aux communistes au prototype de tous les reniements du PS dans le quart de siècle suivant.

Parmi les très nombreuses limites du FN, son manque de crédibilité dans la défense des idées alternatives en matière économique n'est pas la moindre. Le parti a été ultra-libéral jusqu'en 2007, avant de tourner brutalement casaque en 2011 au point de se rapprocher de la gauche radicale, puis de rééquilibrer sensiblement son discours aujourd'hui en promettant également des baisses d'impôts. Il en va de même sur le retour à la monnaie nationale, dont on ne compte plus les scénarios, du retour à la monnaie métal au nouveau scénario (une négociation suivie d'un référendum), qui rappelle étrangement le choix de Tsipras, et dont Jacques Sapir a souligné récemment toutes les limites.

Mais outre le fait de proposer un scénario totalement impratiquable, Marine Le Pen prend de moins en moins la peine de répondre aux nombreuses critiques, sur le protectionnisme, la sortie de l'euro ou de l'UE, répondant par des grands principes qui peinent à contredire la contradiction qui lui est portée. C'est ainsi qu'elle n'a pas répondu tout de suite et directement à Gilles Bouleau qui affirmait que la fin de la PAC, cela était la ruine de nos paysans, répondant que leur ruine, c'était la politique actuelle. Même si cela n'est pas faux, le problème est qu'ainsi, elle ne contredit pas immédiatement l'idée que cela est faux. Idem sur le protectionnisme, le pouvoir d'achat ou l'épargne avec l'euro.

Ce comportement est révélateur à double titre. D'abord, il montre un manque de maîtrise effarant de ses sujets, alors même que ce sont les mêmes questions qui lui sont posées depuis cinq ans et qu'il existe des réponses bien conçues facilement accessibles. Faut-il y voir de la paresse, de la superficialité, ou en fait un manque profond de convictions sur le sujet, qui pourrait la faire basculer idéologiquement ? Le problème est que si, par le plus grand des hasards, elle arrivait au pouvoir, on peut craindre qu'elle serait encore moins préparée que Tsipras et tout aussi sujette que lui à l'abandon des idées défendues dans l'opposition pour finir par se conformer aux politiques dénoncées avant.


En somme, outre toutes les limites de son parti, sur le seul plan des idées, il est difficile de défendre une personne qui défend aussi mal certaines des idées économiques que je partage. Non seulement, elle les rend peu crédibles, mais, au pouvoir, elle risquerait de les mettre très mal en place et les faire échouer, tout en étant susceptible de retournement complet de veste, comme Tsipras.

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