dimanche 1 avril 2012

L'Espagne incapable d' éviter le défaut en 2012 sans plan de sauvetage de Bruxelles

L'Espagne est le prochain PIIG dans la ligne de mire des marchés (spéculatifs ça va de soi).
L'Espagne semble évoluer sur le même chemin que la Grèce , le Portugal et l'Irlande avant elle. Madrid a d'abord vécu dans le déni : il n'y a aucun problème qu'elle ne puisse régler par elle même à moyen terme.


Puis est venu l'argument selon lequel la situation espagnole est différente de celle des autres nations endettées et qu'un programme d'austérité crédible est déja en place, puis des "indiscrétions" ont révèlé que le pays est sous pression des marchés pour qu'il accepte le secours de Bruxelles , puis enfin arrivera le plan de sauvetage avec un changement de gouvernement à la clé.


Les informations se succèdent en provenance de Bruxelles indiquant que les banques espagnoles ont été les plus demandeuses en Euro zone du régime "exceptionnel" de la BCE (les prèts à 1%). Plutôt que d'augmenter leurs prêts vers l'économie réelle, l'argent de la BCE a plutôt servi à acheter de la dette publique espagnole nationale et locale.


Une manière de contourner, par les banques, l'interdiction faite à la BCE de soutenir les Etats membres de l'UE. Qu'à cela ne tienne, les banques empruntent les fonds à 1% à Bruxelles et les reprettent au taux du marché (ou moins) à Madrid, lui permettant ainsi de continuer à se refinancer.


Le budget 2012 vise à réduire le déficit budgétaire de 8,5 pour cent l'an dernier (initialement prévu à 6%) à quelque chose entre 5% et 6%. Mais le chemin risque d'ètre difficile à suivre. Le nouveau Premier ministre, Mariano Rajoy, a promis de présenter un budget qui sera «très, très austère", mais pousser vers plus d'austérité une économie déjà en récession va faire plus de mal que de bien aux finances, car les données budgétaires sont vraiment très effrayantes.


Le problème de l'Espagne n'est pas tant le niveau de sa dette publique, environ 70% du PIB, mais plutôt le niveau de sa dette privée, voire l'insolvabilité de ses banques. La consommation est tirée vers le bas, année après année, le PIB retourne en récession et le chômage se situe à 25 % , un des niveaux les plus élevés au monde. Le chômage des jeunes est d'environ 50% , une catastrophe sociale, on retrouve de tels niveaux d'inactivité qu'en Afrique et au Magreb. Les projections des économistes indépendants sont encore pires que les estimations officielles de la Commission européenne et du gouvernement espagnol.


Une grande partie de ce gachis est le résultat de l' éclatement de la bulle immobilière. Toute personne qui visite le pays a pu voir les immeubles inachevés, comme autant de preuves matérielles de ce crack du batiment. Mais il ya des preuve cachées aussi, le fait que le marché immobilier se situe à des valeurs encore bien trop élevées par rapport à la demande du marché. le résultat, c'est que les banques détiennent dans leurs bilans des prêts qui sont encore couverts par la valeur des propriétés qu'ils ont servi à financer, mais, en réalité, elles ont la tète sous l'eau.
C'est la situation de l'Irlande: les finances publiques semblaient parfaitement maitrisées jusqu'à ce que la récession survienne, et rende les états incapables de sauver leurs banques tout en continuant à rendre des budgets non déficitaires.


La question est d'ordre économique, mais aussi sociale : quel niveau d'austérité un peuple peut il accepter ?


Le gouvernement britannique est ouvertement inquiet des troubles sociaux et financiers en Espagne par ce qu'un million de britanniques vivent au sud des Pyrenées. C'est une histoire qui touche Londres directement. Cependant, contrairement à l'Irlande, l'Espagne ne dispose pas d'un marché exportateur important, de sorte que la motivation du Royaume-Uni pour se joindre à une opération de renflouement est minime.


Il est difficile de prévoir comment les événements pourraient se dérouler dans les mois à venir, mais il est plus que probable que l' Espagne aura besoin du soutien de l'UE. Le risque d'une restructuration de la dette souveraine espagnole est plus élevée aujourd'hui qu'elle ne l'a été depuis que la crise a commencé.


La "croissance" 2012 et 2013 est susceptible d'être encore plus négative que les prévisions officielles , l'économie devrait reculer de près de 2,7% cette année et 1,2% ensuite. Dans ces circonstances, l'Espagne sera incapable de respecter ses objectifs budgétaires. En plus de cela, l'Etat central aura besoin de sauver son système bancaire tant que les prix de l'immobilier continueront leur déclin.


Et, bien sûr, une fois qu'il devient clair qu'un pays doit bénéficier d'une opération de sauvetage par Bruxelles, les événements prennent le relai. Il peut y avoir un répit de quelques mois, mais une fois que le pays est sur la pente fatale du défaut, il est difficile de se redresser. Il faut alors à réfléchir sur les conséquences qu'un tel sauvetage aura sur la zone euro elle-même.


C'est donc l' existence même de l' Euro qui va à nouveau ètre remis en cause tout au long de l'année 2012 et 2013 voire au delà.

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